Les Galets d'Encre
Extraits recueils de poésies libres et classiques, de contes, de proses et de chansons...
Horizon Bucolique
Fruit du pêcher
Ô blanc d’émail !
Scintillent ces dents
Croquant le vert
D’une pomme féconde,
À l’humeur acidulée,
Sous les bras croisés
De chênes rêveurs
Esquissant une ombre,
Au charme flâneur,
Comme celle de ces serpents
Qui glissent, avec langueur,
Sur la terre prophétique :
L’éden du passeur…
Après quelques bouchées,
Sur les eaux claires
D’un ruisselet,
Le cœur grognon,
Fruit du pêcher,
Finit sa course ;
Il flotte encore un peu,
Avant de couler à pic,
Pour se poser,
Plume essoufflée,
Sur un fond sablonneux,
Au milieu de ce champ algal,
Espace serré
D’aquatiques herbes agitées,
Telles des flammes, et
Son troupeau de galets
Cherchant toujours leur berger,
Espérant, grâce à lui,
Rejoindre la surface
Magnifiée par la quiétude des nues —
Cette rive céleste où le pêcheur
Fredonne, en tirant sur sa ligne ;
Ses yeux captivés par
Les oscillations silencieuses
D’un bouchon pris
Par un allègre soupir de liège —
Vaguelettes faisant route
Vers la clarté
De ces berges muettes
Qui fleurissent le ciel songe
D’un pays enchanteur…
Mélodie Vers...
La louve se love
La louve se love
Par amour pour Celle
Qui se lave,
À l’aurore,
Dans l’or d’eaux rares
D’un bassin,
Devant le soleil Melchior
Qui se lève !
La louve se love
Sur son sein
Et respire, en son sein,
Les odeurs d’amour d’un nid de lave,
Les parfums du volcan
De ces Oiseaux de feu
Qui s’envolent, quand ?
La louve se love
Sur un coussin de nuit
Et se délivre
Des humeurs de son enfance,
De ses fragrances métalliques,
De l’acide poudre
Sur les mains de ces chasseurs
Hystériques !
La louve se laisse
Vivre enfin,
Loin de la ville
Qui n’est pourtant
Pas si loin
À vol d’oiseau ;
Et dans ce val
Onirique,
La louve lève le voile
Sur sa vie sauvage
Et elle la caresse
Avec tout l’Amour
D’une Mère,
D’une Antique déesse de la nature,
Une ama qui plonge, en apnée, dans ses abysses ;
La louve alors
S’endort, profondément, dans les bras de Gaïa,
L’esprit libre !
Parfum d'Effet Mer
∞
Chantait la douce voix de l’eau
Qui seule entraîna cette coque
Par le fond — ô le ciel du beau
Et vaisseau mère d’une époque !
∞
Nageur des grands fonds
Cueille des éponges
Qui portent les dons
Des mers et leurs songes…
∞
Ô Lune perd les eaux
Qui roulent vers le large !
De scintillants émaux,
Sous les yeux d’une barge.
∞
Vus du ciel, les mâts
Se font des combats !
Orage ! Ce sont des épées
Croisant le fer avec des fées !
Abstraction Cosmique
Rondeau de Chine
Ô ronde d’or ! Ô corolle d’Abstrait !
Chant spiralé qui s’harmonise au trait
D’un cœur léger, en doux fragments d’Asie ;
Suite d’Amour, du nombre Poésie,
Claire et sereine, en son plus bel attrait.
S’enroule alors, loin d’un œil indiscret,
Le ruban sage, empreint d’esprit secret,
En mille éclats, suivant sa fantaisie —
Ô ronde d’or !
La Voix est là — sous le pinceau distrait,
Seul sur la voie effleurant le concret.
Lors, vibre, ici, la noble courtoisie,
L’encre de Chine à la nuance choisie ;
Et le présent nous offre son portrait —
Ô ronde d’or !
Mezza-voce
IV
Une main caresse sa main
Écrivant un poème invisible
Devant ces yeux qui se lèvent
Vers le ciel — subtile offrande
Qu’Elle fait à sa divinité
Intérieure !
V
Sous nos yeux mi-clos,
Deux cygnes blancs, amoureux d’Elle,
Font une ronde ;
Onde qui fait vibrer l’âme et danser
Les roseaux.
VI
Sur le pont de bois, Elle entend
La chorégraphie de ses pieds nus
Laissant leurs empreintes humides,
Fines fleurs perdant leur rosée
Vespérale…
Vers Alchimie
Manège enchanté
Ainsi, le lion vert se présente,
Avec la sensualité de son corps
Bestial et
La crinière de ses passions
Voraces ;
Ceci afin de nourrir
Le lion rouge qui honore
Les plus hautes aspirations
Humaines —
Ces vertus qui élèvent
La chair de l’homme
Vers sa lumière intérieure :
« Solve et Coagula »
Au frontispice de l’Être !
Dissoudre les corps
Et fixer le volatil —
Chant de l’Esprit au cœur
De la matière.
Ô rugissements donnant
De l’essor à une Sagesse
En Présence !
Énergie animale qui favorise l’éclosion !
L’équilibre est alors trouvé dans
La juste harmonie
Des polarités ;
Au-dessus de la coquille vide,
Bat un cœur christique
Et ces grains de sable,
Qui glissent sur la robe
Du grand félin,
Sont les signes d’une
Heureuse transmutation.
Vois dans cette Alchimie,
Au sein d’un athanor de
Terre noire, tout un travail
De femme et un jeu d’enfant !
Ô que la voie est brève
Pour un cœur pur
Cherchant, par la maîtrise
De ses humeurs,
La Vérité qui l’anime !
Ô manège enchanté
Et putti zélés
Sur leur cheval de bois !
Le lion assiste, l’air serein,
À ce spectacle et trône,
Avec grâce, sur l’éther
De l’Amour soufflant
Vers les esprits en quête
De Liberté !
Marie est Femme
Au nu de ton épaule
Au nu de ton épaule,
Mes lèvres
Ô gracile papillon,
Se posent pour apaiser
Les feux de Phoebus !
Eau nue sur ton épaule,
À la fraîcheur
Du printemps,
Caresse
Toute la soie
De ton corps.
Espace sacré
Des voluptés,
Fragrance de vérité,
C’est de ce souffle
Que jaillit la sensualité !
Genèse de l’eau
Dans l’air,
Or alchimique
Où l’Amour,
Le plus pur,
Prend sa Source.
Au nu de ton épaule,
Glisse un baiser,
À la lumière
D’une nuit étoilée,
Qu’un sein,
Au blanc d’ivoire,
Ne saurait voir.
Toute la magie,
Endormie
Au cœur
De Marie
Qui trouve,
Ici,
La voie de son Éveil
Aux saisons charnelles !
Marie est le fruit
D’une passion
Du corps, de l’âme et de l’esprit –
Femme, toute à la clarté
De son Être !
Au delà du Verbe...
Voix subtiles
Ces voix qui vont vers l’ombre à l’abri du sommeil,
Comme des peaux de miel en vibrant au soleil…
Elles dansent alors dans les bras nus d’un lierre,
Roulent, avec la soif, jusqu’à ce sein de pierre…
Elles caressent là le corps d’une statue
Qui regarde le ciel avec un air qui tue !
Ô pudeur d’un sculpteur qui maquille l’Amour,
Lui donnant cette force apprivoisant le jour !
Sur les lèvres, ce souffle aux fragrances divines,
La mélodie en vers du grand inspirateur.
Toute la joie à l’œuvre au clair de ces collines !
Ô voyagent ces voix vers un chœur volatil !
Se mélangent à l’or, halo dans l’air subtil –
De ces oiseaux la langue au dessin d’une piste,
Le secret dans le feu qu’allume l’alchimiste !
Glyphes
(fragments)
∞
Elles sont repliées,
Les unes contre les autres,
Ces saisons, nourrissant,
En bonne harmonie,
La terre…
∞
Dressées, au-dessus du sol,
Les moustaches du chat
Sont comme
Les fines baguettes
Du sourcier.
∞
Le bleu s’est endormi,
En ciel velours,
Sous le ventre d’une biche
Couchée dans son logis
Boisé…
Journal d'un Retour
Au Pays Intérieur
Fruité sucré
Horizon caduc,
La main noire
Sur l’écorce-griffoir
Accompagne
L’ondulation du silence
Sur l’eau des jarres d’argile
Et l’Esprit qui savoure
Le fruit sucré
Des saisons sèches…
Serment sous le baobab ;
Sous le banian,
Se baignent les ombres –
Celles des voyageurs,
De ces passants d’outre-mondes…
Horizon contracté
Par les piqûres
Du sel brûlant
Sur les rochers ;
L’air acide…
Vol stationnaire
Au-dessus des fruits frais
Sur les étals du marché –
Mouches et autres insectes
Ailés
Au milieu des voilages,
De ces tissus colorés
Qui semblent se dorer
Les fibres au soleil –
Comme des grains de café !
Ô parfums d’épices
Et pépins avalés ! –
Le fruit de l’Amour
Est à l’intérieur,
Sous le sommeil,
Exactement !
Utopie qui chante !
Nous voyons sur la page,
Les grandes rides de nos dunes,
Les petits plis de nos déserts…
Ainsi, la Vie est
Ce chemin
De Foi jusqu’à Toi !
Et je compte –
À l’image des moutons
Paissant sous le soleil –
Ces galets fleuris
De nos plages
De silence…
D’ici, j’envoie des messages,
En lettres de feu,
Vers les nues sages
Portant, en leurs seins
Gracieux,
La clarté d’une mer
Solitaire qui étend
Ses larmes bleues,
Loin, loin,
À l’infini
Radieux,
Jusqu’à pouvoir
Caresser les hanches
Salines du sommeil…
Alors, âme à nu sur la mousse
D’un bois merveilleux,
Je pense à ôter
Mon chapeau pour honorer
Ta Présence,
Avec une fleur sacrée,
Dans ma main
Tremblante,
Qui trouvera sa voix
Au milieu
Des chants d’écume,
Du cerceau joyeux
De ces voluptueuses vagues
Qui éclaboussent,
De fragrances marines,
L’éther secret
Où l’âme de tes yeux
A laissé son empreinte
Virginale
À l’appel
D’un Amour divin –
Cette étoile du verger,
À l’esprit sauvage,
Qui se laisse approcher
Au-dessus d’un océan
De fraîches fleurs
Des champs,
Fruits savoureux
De nos destinées…
Au parloir bleu...
Au parloir bleu…
Au parloir bleu,
C’est la nuit de résidence
Aux parfums
De peinture écaillée –
Sans résistance,
La voix remonte
Des profondeurs…
Peu à peu,
L’égo perd ses
Écailles,
Fend sa
Cuirasse
Et s’ouvre
Comme une
Fleur lagunaire !
Prise
Entre deux
Eaux,
La photographie
Du présent –
Une radiographie
Qui met en lumière
Les blessures cachées,
En taches pétrolières…
Au parloir bleu,
C’est une
Renaissance –
Après avoir percé
La poche des eaux,
Dans l’antre maternel,
C’est la féconde
Ascension vers
Le ciel
Éternel !
Pour passer, entre
Les mailles
Serrées du filet,
L’esprit s’est fait
Tout petit,
Jusqu’à disparaître…
Subtile résonance…
Au parloir bleu,
On n’entend plus
Que le chant
Lointain
Des vagues…
L’appel du courant !
Depuis l'éternité...
ab aeterno...
Le bon vin réjouit le cœur des hommes
(Bonum vinum lætificat cor hominis)
Ce n’est pas
De ce vin,
Venant de la terre,
Dont il s’agit,
Ici !
C’est l’essence
De l’Esprit !
La goutte d’Être
Qui fait déborder
Le vase
D’argile !
Jouissance de Vivre,
Ivresse du cœur
Qui Donne et Reçoit !
Ainsi, la tête tourne
Et ne contrôle plus rien !
Tout chante et danse
Autour de Soi !
Abandon exquis,
Pampres alanguis,
Ces grappes
Roulent
Sous le vent
D’anges !
S’évapore la part
Subtile de l’homme,
Sa quintessence,
Sa vérité –
Toute sa Beauté
Intérieure !
Dès lors, le nectar de l’âme,
En fragrances légères,
Réjouit le cœur
Des hommes,
Pour l’éternité !
Au bleu de l'onde...
Chimère de marin
Flammes des eaux de cristal
Qui dessinent une fleur
De vie à l’horizon –
Un cœur :
Celui de l’homme du présent
Qui bat à l’unisson de l’Être –
Un pégase traverse le ciel
Juste au
Dessus de sa tête,
Comme un rêve étrange…
Corps au galop,
Quatre pattes
À l’image de quatre
Éléments en action
Qui montent des marches
De rose eau
Pour atteindre le 7,
Le 9, le 12e ciel…
Des naseaux jaillit,
Fruit d’une fontaine fumante,
De l’eau
Qui dans l’air
Se fond à la robe d’or
Du messager
Qui passe, tel un fantôme,
Dans le champ vert
De l’océan…
Vois comme le temps est un songe,
Une chimère de marin…
Chasseurs de mots rares
Emily
À Emily Dickinson
De pâles fleurs fanent
À l’ombre des poèmes :
Emily n’est plus…
Et le ciel blanc dort,
Éternel nid d’albâtre,
Avec les défunts
Parfums coulant des nues :
Emily n’est plus…
Fleur blanche et solitaire,
Tu reposes nue
Dans le cercueil couchant
Des silences mus
Par le cycle absolu
Des sages saisons.
Au soleil, tes vers brûlent
Leurs ailes nacrées,
Et tes rimes sinuent
Sur l’eau virginale,
Caressant les halos
Des heures cachées,
Sous le poids des pensées
Plongeant dans la nuit :
Emily n’est plus…
Ton feu crépite encor,
Et souffle dans l’âtre
Son inspiration ;
Sur un parchemin,
Des cendres en rivière
Caressent la main
D’un poème endormi
Sur un sein blanchi
Par la fleur immortelle
Qu’une larme arrose :
Emily n’est plus…
La Cambrure du Rêve...
Kingdom for a Dream
Dream or not dream!
The shining hope burns
In a storm of ice!
And, here, I see
The soft light soap
Of stars which laugh
In the velvet sky!
Drama or dream!
À silence snake
Creeps on a cross
Of stone like
A Celtic symbol:
Surrealism
Or land of heaven!
Now, my spirit sails
On a sea of nails:
I follow the wind
On the old wheel
Of the great wisdom.
Dream or not dream!
My hand catches
A bunch of the moon,
And I ride on
A symphonic horse:
My kingdom for a dream!
Royaume pour un rêve
Rêve ou pas rêve !
L’espoir brillant brûle
Dans un orage de glace.
Et, ici, je vois
La douce lumière de savon
Des étoiles qui rient
Dans le ciel de velours !
Drame ou rêve !
Un silence de serpent
Rampe sur une croix
De pierre comme
Un symbole celte :
Surréalisme
Ou terre du ciel !
Maintenant, mon esprit navigue
Sur une mer de clous.
Je suis le vent
Sur la vieille roue
De la grande sagesse.
Rêve ou pas rêve !
Mes mains attrapent
Une grappe de lune,
Et je monte sur
Un cheval symphonique :
Mon royaume pour un rêve !
Les Quarante Rugissants
Galet amer
Sous les seins de la brume alors nous ferons halte ;
Nos cœurs, briseurs d’écume, aux serments de basalte,
Rougiront, sans pudeur, sous l’étain de la mer.
Et l’été roulera sur un galet amer,
Du Léthé, cette larme à la beauté fossile
Comme l’âme du mort qui sur l’amour oscille.
Sous la voûte du temps à la courbe gracile,
Un oiseau gaélique, aux ailes de hamac,
Gîtera dans nos yeux irisant le ressac.
Nous jetterons nos bleus dans la toile d’un sac ;
Brillera cette étoile, en fleur marmoréenne :
La moisson des coraux dans l’âme arachnéenne.
L'Éther de Soleil
Dernières heures
Dernières heures... et le jour se pelotonnera sur le ventre de la nuit…
Dernières heures... et un souffle arrondira le corps d’encre rouge des cerises balançant, sans pesanteur, sur les branches noueuses.
Dernières heures... et le silence se posera dans le palais des étoiles, fondra sur la langue de la Voie lactée, embaumera les cordes vocales de la nuit.
Dernières heures avant le retour vainqueur des oiseaux nocturnes, la valse iridescente de leurs ailes déployées sur le sourire muet de la campagne provençale !
Dernières heures, sous les doigts les mots picoreront les premières miettes d’inspiration, puis iront se poser sur le balcon du rêve.
Dernières heures… et l’écume verte des tilleuls rejoindra le grand océan des prairies.
Oui ! dernières heures... et l’amour se glissera dans le corps chaud et suave de la jeunesse, fera plisser d’extase les yeux des oliviers, embrassera les lèvres purpurines des sirènes, ondoyant dans les rues du village.
Dernières heures... et les façades de pierre des maisons moyenâgeuses s’offriront, indolentes, à la caresse onirique du jour déclinant.
Dernières heures... et la lumière poussera dans les lampadaires, inondant, apaisant, les brûlures du bitume.
Dernières heures avant le coucher félin de l’astre solaire ; son ensevelissement langoureux dans les champs de blé peindra d’éclaboussures fantomatiques l’ocre des pics rocheux !
Dernières heures... et la touffeur de la journée versera son sommeil dans le vase frais du soir…
Dernières heures... et les fleurs fermeront leurs ailes lutines ; couvriront leurs pétales d'un masque sélénien qui troublera les essaims de promeneurs mélangeant leur respiration contemplatrice aux cymbalisations* des cigales.
Dernières heures… et le temps sculptera, dans la glaise du présent, ses minutes d’éternité…
*vibration sonore produite par la membrane d’une cigale mâle.
L' Être Nu
Cuerpo del amor
He visto un cuerpo,
Una silueta,
De sangre y de oro
Con una piel de silencio,
¡Totalmente perdida
Bajo el ámbar del cielo!
He visto las zarzas del día
Que le desgarraban las alas…
He visto un cuerpo
De amor sin fronteras;
¡Una tierra desnuda amarilla,
Roja, blanca et negra
Alimentada por la leche
De la Libertad!
He visto un cuerpo sano,
Sin corrupción
Así como el signo
Del futuro del mundo!
Aquí, he tocado la verdad
Con el cuerpo de la alegría.
He visto un cuerpo,
Un camino de fuego
Que andaba sobre estrellas de mar.
¡He visto una silueta,
Una luz en el cuerpo del amor!
Corps de l’amour
J’ai vu un corps,
Une silhouette,
De sang et d’or
Avec une peau de silence,
Totalement perdue
Sous l’ambre du ciel !
J’ai vu les ronces du jour
Qui lui déchiraient les ailes…
J’ai vu un corps
D’amour sans frontières ;
Une terre nue jaune,
Rouge, blanche et noire
Nourrie par le lait
De la liberté !
J’ai vu un corps sain,
Sans corruption,
Ainsi que le signe
De l’avenir du monde !
Ici, j’ai caressé la vérité
Avec le corps de la joie.
J’ai vu un corps,
Un chemin de feu
Qui marchait sur des étoiles de mer.
J’ai vu une silhouette,
Une lumière dans le corps de l’amour !
Moulin à vers
Échecs célestes
À Dali
L’éternité dansait sur l’homme au corps de harpe
Et l’amour tisonnait le feu des papillons
Qui jetaient sur le ciel des roses en écharpe !
Lors, l’aède enroula sa peur dans des haillons,
Réveillant le parfum des étoiles votives
Dans les herbes roulant, comme des médaillons.
Loin, un enfant pleurait, sous des fleurs émotives,
Devant un échiquier, la perte de son roi
Laissant à l’ennemi ses volontés captives.
Montait, dans son regard, un profond désarroi
Qui le fit immoler son cavalier fétiche :
Un alezan solaire aux reflets de corroi !
Vint alors le poète avec son acrostiche
Sur un vase d’azur qu’il posa sur le sol ;
Le chérubin ému lui peignit une biche.
Ô miroir de Gala d’un Dali tournesol !
Mousse des douleurs
Nul paradis n’est perdu !
Cils ! Le fond de l’œil se livre au parfum des eucalyptus. À l’horizon, Téthys est lasse au bras d’Océan, et son amour se brise en fusains d’écume sur une digue retenue par Atlas. Alors, une vague, comme une vigne folle, s’enroule au pied d’un poteau télégraphique, libérant enfin le ciel de ces liaisons dangereuses ; ces tentacules répandant, partout, une lumière nécrosée (l’artifice des sens), l’énergie électrique d’un monde aseptisé ! Ainsi, les stridulations de l’eau se mélangent aux feulements de l’air famélique de nos cités lobotomisées… Pourtant, certains hommes attendent, sur le quai d’une gare invisible, ce train spatio-temporel qui les ferait voyager au-delà des épicentres nerveux de leur univers cataleptique. Ciel ! Le fond de leur œil cyclopéen se donne à la nuit de marché noir, à la cavalcade hypnotique des tournesols van-goghiens ! Au loin, l’écholalie de fleurs diurnes inhibe les pupilles de ces humains noyés dans les vérités absconses du temps… Derrière le mur des Lamentations, l’azur christique des prières plonge ses racines symphoniques dans l’eau des larmes cristallines versée par la souffrance nacrée des âmes spirituelles. Nul paradis n’est perdu !
Lame et Moire
Avale hanche
Histoire d’horizon,
Tes fleurs,
Abandonnées en grâce,
Ont les parfums secrets
De sucre et de glace
Des neiges éternelles.
Tes blanches fleurs polies,
Par mes mains gantées,
S’offrent en bouquets
À mes yeux d’avalanche.
Avale hanche et
Cristal de l’archet,
Ton corps est gelé
Par le feu de l’extase ;
Du bleu sur tes lèvres,
S’enfuient mes frissons
En fonte de silence.
Sous la fraîche coulée,
Ta lumière dessine
Des cristaux d’azur,
Des reflets d’oxygène,
Sur ta robe endormie
Dans ma nuit polaire…
Les Âmes Vagabondes
Les âmes vagabondes
Des rênes caressent des astres
Où galopent des chevaux d’or.
Sur leurs destriers funambules,
Des anges ruissellent de myrrhe,
D’or et d’encens.
Suivant ces indices célestes,
Le poète, aux ongles pleins d’étoiles,
Court entre les rails d’une voie,
Sans fin, où titubent les rêves
D’un train de nuit !
Laissons alors pousser nos songes !
L’espace fait un bruit de verre.
Cassons, tout bonnement, nos vers !
Nous finirons bien par rouler
Sur les rails rouillés de la veille
Et du sommeil.
Et tout ce temps qu’un dieu nous donne
Nous devons, encor, au fer rouge
Le marquer pour l’éternité !
Le poète n’est-il qu’un pâtre
Surveillant son cheptel d’étoiles ?
Et nous, sommes-nous du bétail,
Les bêtes de somme d’un Dieu ?
Notre sort, jouons-le aux dés
Comme des âmes vagabondes !
Les Galets d'Encre
Jazz
De l’homme pâle et noir sous un crayon de lune,
J’imagine un poème au vol d’oiseau de nuit,
Un air de solitude, un dessin qui s’enfuit
Vers l’énigme de l’âge épousant l’infortune.
Ses mains aux gants de Jazz, son corps nu sous la brune
Âme en vibration qui sourit, sage fruit,
Aux yeux d’un mendiant soûlé par le circuit
D’une étoile à son fil portant la voix immune.
Son saxo maquillé par un chagrin de cuivre,
Sa fleur rose à l’amour le destin ne peut suivre,
Et rime avec un cœur couché sur le pavé.
Ce soir, l’enfant se brise et serre avec le vent
Un éclat d’or à terre, un sou d’art délavé
Par la célébrité d’un musicien absent…
Autour
d'Elle
Tout étonnée,
En silence,
Elle déposa la cage
Sur le sol,
Avant de s’approcher,
A pas de loup,
D’un tas de sable où…
Les chameaux se font abeilles
Caravanes sans rails,
Sur les seins du désert,
Les chameaux se font abeilles
Qui fondent dans le ciel
Avant d’être soudées
À l’arc par le saint zénith !
Zigzaguent les ombres,
Chenilles vers l’azur,
Des porteurs de la soif
Et du silence bleu
Sous le voile des hommes.
L’eau, dans l’outre du corps,
Dessine des mirages,
De sages oasis,
De rares instants
Sans aucune pensée !
Des pieds comme des dunes
Frôlent le vent de sable ;
Lors, tout le corps plonge,
Sous la chaleur d’une vague,
Avant de se dissoudre
Avec le sel des étoiles…
Autour d'Elle 2
Toute tourneboulée,
À tel point que
Son cœur faisait,
Dans l’air, des vagues
Qui rendaient
Floue
Sa vision ;
Quand soudain,
Elle prit sa présence
En pleine face !
Drôle de zèbre !
Elle ne sut, pas tout de suite,
Si c’était un zazou,
Zazie dans le métro,
Un zébu long ou bien
Un zèbre à rayures verticales
Selon la distance –
De ses yeux vairons
Qui lui faisaient voir
Les vers ronds,
Les rimes plates,
Voire jumelées,
Même embrassées
Et les courbes allongées…
Sans prendre de gants
De soie,
Elle glissa
D’abord un verre sur son œil
Droit, puis un autre
Sur son œil gauche ;
Frappée de stupeur, Elle se retrouva
Nez à nez,
Avec un zèbre atypique,
Dont le coefficient
De pénétration dans l’air
Pouvait ressembler
À celui d’une
Étoile filante
Propulsée par
Des rennes d’enfants…
Cependant, Elle jugea
Qu’il fallait qu’elle gardât
Ses distances,
Afin de protéger la bête
Du magnétisme animal
De son regard !
Ainsi, Elle l’observa
Qui traçait un échiquier
Dans un coin de brousse –
En effet, rien ne met
En échec un zèbre alerte
Souhaitant éloigner
Ces forces sombres
Qui sommeillent
Sous la ramée !
Ce cheval zébré,
Aux airs pacifiques,
Dessinait un mandala
Avec l’aisance d’une oie
Dans un jeu de paume,
D’un pachyderme
Sur une piste de bowling,
D’un chien de berger belge
Dans un concours de saut d’obstacles !
Quand Elle comprit que
Ce drôle de zèbre
Faisait des figures
De style spirituel,
Elle ferme les yeux
Et, quand elle les rouvrit −
En lieu et place du zèbre,
Il y avait des bâtonnets
De Mikado !
Depuis ce jour, Elle les
Utilise pour tricoter des
Lianes, des lignes de force
Qui donnent du ressort
À ses pensées – c’est gonflé