Les Galets d'Encre

 
Extraits recueils de poésies libres et classiques, de contes, de proses et de chansons...

 

 

Horizon Bucolique 

 

 

Fruit du pêcher

 

 

Ô blanc d’émail !

 

Scintillent ces dents

 

Croquant le vert

 

D’une pomme féconde,

 

À l’humeur acidulée,

 

Sous les bras croisés

 

De chênes rêveurs

 

Esquissant une ombre,

 

Au charme flâneur,

 

Comme celle de ces serpents

 

Qui glissent, avec langueur,

 

Sur la terre prophétique :

 

L’éden du passeur…

 

 

 

Après quelques bouchées,

 

Sur les eaux claires

 

D’un ruisselet,

 

Le cœur grognon,

 

Fruit du pêcher,

 

Finit sa course ;

 

Il flotte encore un peu,

 

Avant de couler à pic,

 

Pour se poser,

 

Plume essoufflée,

 

Sur un fond sablonneux,

 

Au milieu de ce champ algal,

 

Espace serré

 

D’aquatiques herbes agitées,

 

Telles des flammes, et

 

Son troupeau de galets

 

Cherchant toujours leur berger,

 

Espérant, grâce à lui,

 

Rejoindre la surface

 

Magnifiée par la quiétude des nues —

 

Cette rive céleste où le pêcheur

 

Fredonne, en tirant sur sa ligne ;

 

Ses yeux captivés par

 

Les oscillations silencieuses

 

D’un bouchon pris

 

Par un allègre soupir de liège —

 

Vaguelettes faisant route

 

Vers la clarté

 

De ces berges muettes

 

Qui fleurissent le ciel songe

 

D’un pays enchanteur…

 

 

 

 

Mélodie Vers...

 

 

La louve se love

 

 

La louve se love

 

Par amour pour Celle

 

Qui se lave,

 

À l’aurore,

 

Dans l’or d’eaux rares

 

D’un bassin,

 

Devant le soleil Melchior

 

Qui se lève !

 

 

 

La louve se love

 

Sur son sein

 

Et respire, en son sein,

 

Les odeurs d’amour d’un nid de lave,

 

Les parfums du volcan

 

De ces Oiseaux de feu

 

Qui s’envolent, quand ?

 

 

 

La louve se love

 

Sur un coussin de nuit

 

Et se délivre

 

Des humeurs de son enfance,

 

De ses fragrances métalliques,

 

De l’acide poudre

 

Sur les mains de ces chasseurs

 

Hystériques !

 

 

 

La louve se laisse

 

Vivre enfin,

 

Loin de la ville

 

Qui n’est pourtant

 

Pas si loin

 

À vol d’oiseau ;

 

Et dans ce val

 

Onirique,

 

La louve lève le voile

 

Sur sa vie sauvage

 

Et elle la caresse

 

Avec tout l’Amour

 

D’une Mère,

 

D’une Antique déesse de la nature,

 

Une ama qui plonge, en apnée, dans ses abysses ;

 

La louve alors

 

S’endort, profondément, dans les bras de Gaïa,

 

L’esprit libre !

 

 

 

 

 

 

 

Parfum d'Effet Mer

 

 

Chantait la douce voix de l’eau

 

Qui seule entraîna cette coque

 

Par le fond — ô le ciel du beau 

 

Et vaisseau mère d’une époque !

 

 

Nageur des grands fonds

 

Cueille des éponges

 

Qui portent les dons

 

Des mers et leurs songes…

 

 

Ô Lune perd les eaux

 

Qui roulent vers le large !

 

 De scintillants émaux,

 

 Sous les yeux d’une barge.

 

 

Vus du ciel, les mâts

 

Se font des combats !

 

Orage ! Ce sont des épées

 

Croisant le fer avec des fées !

 


 

Abstraction Cosmique

 

 

Rondeau de Chine

 

 

Ô ronde d’or ! Ô corolle d’Abstrait !

Chant spiralé qui s’harmonise au trait

D’un cœur léger, en doux fragments d’Asie ;

Suite d’Amour, du nombre Poésie,

Claire et sereine, en son plus bel attrait.

 

 

S’enroule alors, loin d’un œil indiscret,

Le ruban sage, empreint d’esprit secret,

En mille éclats, suivant sa fantaisie —

Ô ronde d’or !

 

La Voix est là — sous le pinceau distrait,

Seul sur la voie effleurant le concret.

Lors, vibre, ici, la noble courtoisie,

L’encre de Chine à la nuance choisie ;

Et le présent nous offre son portrait —

Ô ronde d’or !

 

 

 

 

Mezza-voce

 

IV

 

Une main caresse sa main

 

Écrivant un poème invisible

 

Devant ces yeux qui se lèvent

 

Vers le ciel — subtile offrande

 

Qu’Elle fait à sa divinité

 

Intérieure !

 

 

 

V

 

Sous nos yeux mi-clos,

 

Deux cygnes blancs, amoureux d’Elle,

 

Font une ronde ;

 

Onde qui fait vibrer l’âme et danser

 

Les roseaux.

 

 

VI

 

Sur le pont de bois, Elle entend

 

La chorégraphie de ses pieds nus

 

Laissant leurs empreintes humides,

 

Fines fleurs perdant leur rosée

 

Vespérale…

 

 

Vers Alchimie 

 

 

Manège enchanté

 

 

Ainsi, le lion vert se présente,

Avec la sensualité de son corps

Bestial et

La crinière de ses passions

Voraces ;

Ceci afin de nourrir

Le lion rouge qui honore

Les plus hautes aspirations

Humaines —

Ces vertus qui élèvent

La chair de l’homme

Vers sa lumière intérieure :

« Solve et Coagula »

Au frontispice de l’Être !

Dissoudre les corps

Et fixer le volatil —

Chant de l’Esprit au cœur

De la matière.

Ô rugissements donnant

De l’essor à une Sagesse

En Présence !

Énergie animale qui favorise l’éclosion !

L’équilibre est alors trouvé dans

La juste harmonie

Des polarités ;

Au-dessus de la coquille vide,

Bat un cœur christique

Et ces grains de sable,

Qui glissent sur la robe

Du grand félin,

Sont les signes d’une

Heureuse transmutation.

Vois dans cette Alchimie,

Au sein d’un athanor de

Terre noire, tout un travail

De femme et un jeu d’enfant !

Ô que la voie est brève

Pour un cœur pur

Cherchant, par la maîtrise

De ses humeurs,

La Vérité qui l’anime !

Ô manège enchanté

Et putti zélés

Sur leur cheval de bois !

Le lion assiste, l’air serein,

À ce spectacle et trône,

Avec grâce, sur l’éther

De l’Amour soufflant

Vers les esprits en quête

De Liberté !

 


 

 

Marie est Femme

 

Au nu de ton épaule

 

 

 

 Au nu de ton épaule,

 

Mes lèvres

 

Ô gracile papillon,

 

Se posent pour apaiser

 

Les feux de Phoebus !

 

 

 

Eau nue sur ton épaule,

 

À la fraîcheur

 

Du printemps,

 

Caresse

 

Toute la soie

 

De ton corps.

 

 

 

Espace sacré

 

Des voluptés,

 

Fragrance de vérité,

 

C’est de ce souffle

 

Que jaillit la sensualité !

 

Genèse de l’eau

 

Dans l’air,

 

Or alchimique

 

Où l’Amour,

 

Le plus pur,

 

Prend sa Source.

 

 

 

Au nu de ton épaule,

 

Glisse un baiser,

 

À la lumière

 

D’une nuit étoilée,

 

Qu’un sein,

 

Au blanc d’ivoire,

 

Ne saurait voir.

 

 

 

Toute la magie,

 

Endormie

 

Au cœur

 

De Marie

 

Qui trouve,

 

Ici,

 

La voie de son Éveil

 

Aux saisons charnelles !

 

 

 

Marie est le fruit

 

D’une passion

 

Du corps, de l’âme et de l’esprit –

 

Femme, toute à la clarté

 

De son Être !

 

 

 

 

 

 

Au delà du Verbe...

 

Voix subtiles

 

 

 

Ces voix qui vont vers l’ombre à l’abri du sommeil,

 

Comme des peaux de miel en vibrant au soleil…

 

Elles dansent alors dans les bras nus d’un lierre,

 

Roulent, avec la soif, jusqu’à ce sein de pierre…

 

 

 

Elles caressent là le corps d’une statue

 

Qui regarde le ciel avec un air qui tue !

 

Ô pudeur d’un sculpteur qui maquille l’Amour,

 

Lui donnant cette force apprivoisant le jour !

 

 

 

Sur les lèvres, ce souffle aux fragrances divines,

 

La mélodie en vers du grand inspirateur.

 

Toute la joie à l’œuvre au clair de ces collines !

 

 

 

Ô voyagent ces voix vers un chœur volatil !

 

Se mélangent à l’or, halo dans l’air subtil –

 

De ces oiseaux la langue au dessin d’une piste,

 

Le secret dans le feu qu’allume l’alchimiste !

 

 

 

 

 

 

Glyphes

(fragments)

 

 

Elles sont repliées,

 

Les unes contre les autres,

 

Ces saisons, nourrissant,

 

En bonne harmonie,

 

La terre…

 

 

Dressées, au-dessus du sol,

 

Les moustaches du chat

 

Sont comme

 

Les fines baguettes

 

Du sourcier.

 

 

Le bleu s’est endormi,

 

En ciel velours,

 

Sous le ventre d’une biche

 

Couchée dans son logis

 

 Boisé…

 

 


 

 

 

Journal d'un Retour

Au Pays Intérieur

 

Fruité sucré

 

 

 

Horizon caduc,

 

La main noire

 

Sur l’écorce-griffoir

 

Accompagne

 

L’ondulation du silence

 

Sur l’eau des jarres d’argile 

 

Et l’Esprit qui savoure

 

Le fruit sucré

 

Des saisons sèches…

 

 

 

Serment sous le baobab ;

 

Sous le banian,

 

Se baignent les ombres –

 

Celles des voyageurs,

 

De ces passants d’outre-mondes…

 

 

 

Horizon contracté

 

Par les piqûres

 

Du sel brûlant

 

Sur les rochers ;

 

L’air acide…

 

 

 

Vol stationnaire

 

Au-dessus des fruits frais

 

Sur les étals du marché –

 

Mouches et autres insectes

 

Ailés

 

Au milieu des voilages,

 

De ces tissus colorés

 

Qui semblent se dorer

 

Les fibres au soleil –

 

Comme des grains de café !

 

 

 

Ô parfums d’épices

 

Et pépins avalés ! –

 

Le fruit de l’Amour

 

Est à l’intérieur,

 

Sous le sommeil,

 

Exactement !

 

 

 

 

 

 

Utopie qui chante !

 

 

Chemin de Foi

 

 

 

 Nous voyons sur la page,

 

Les grandes rides de nos dunes,

 

Les petits plis de nos déserts…

 

 

 

Ainsi, la Vie est

 

Ce chemin

 

De Foi jusqu’à Toi !

 

 

 

Et je compte –

 

À l’image des moutons

 

Paissant sous le soleil –

 

Ces galets fleuris

 

De nos plages

 

De silence…

 

 

 

D’ici, j’envoie des messages,

 

En lettres de feu,

 

Vers les nues sages

 

Portant, en leurs seins

 

Gracieux,

 

La clarté d’une mer

 

Solitaire qui étend

 

Ses larmes bleues,

 

Loin, loin,

 

À l’infini

 

Radieux,

 

Jusqu’à pouvoir

 

Caresser les hanches

 

Salines du sommeil…

 

 

 

Alors, âme à nu sur la mousse

 

D’un bois merveilleux,

 

Je pense à ôter

 

Mon chapeau pour honorer

 

Ta Présence,

 

Avec une fleur sacrée,

 

Dans ma main

 

Tremblante,

 

Qui trouvera sa voix

 

Au milieu

 

Des chants d’écume,

 

Du cerceau joyeux

 

De ces voluptueuses vagues

 

Qui éclaboussent,

 

De fragrances marines,

 

L’éther secret

 

Où l’âme de tes yeux

 

A laissé son empreinte

 

Virginale

 

À l’appel

 

D’un Amour divin –

 

Cette étoile du verger,

 

À l’esprit sauvage,

 

Qui se laisse approcher

 

Au-dessus d’un océan

 

De fraîches fleurs

 

Des champs,

 

Fruits savoureux

 

De nos destinées…

 

 

 

Au parloir bleu...

 

 

Au parloir bleu…

 

 

 

Au parloir bleu,

 

C’est la nuit de résidence

 

Aux parfums

 

De peinture écaillée –

 

Sans résistance,

 

La voix remonte

 

Des profondeurs…

 

 

 

Peu à peu,

 

L’égo perd ses

 

Écailles,

 

Fend sa

 

Cuirasse

 

Et s’ouvre

 

Comme une

 

Fleur lagunaire !

 

 

 

Prise

 

Entre deux

 

Eaux,

 

La photographie

 

Du présent –

 

Une radiographie

 

Qui met en lumière

 

Les blessures cachées,

 

En taches pétrolières…

 

 

 

Au parloir bleu,

 

C’est une

 

Renaissance –

 

Après avoir percé

 

La poche des eaux,

 

Dans l’antre maternel,

 

C’est la féconde

 

Ascension vers

 

Le ciel

 

Éternel !

 

Pour passer, entre

 

Les mailles

 

Serrées du filet,

 

L’esprit s’est fait

 

Tout petit,

 

Jusqu’à disparaître…

 

 

 

Subtile résonance…

 

Au parloir bleu,

 

On n’entend plus

 

Que le chant

 

Lointain

 

Des vagues…

 

L’appel du courant !

 

 

 


 

 

Depuis l'éternité...

ab aeterno...

 

 

 

Le bon vin réjouit le cœur des hommes

 

(Bonum vinum lætificat cor hominis)

 

 

 

Ce n’est pas

 

De ce vin,

 

Venant de la terre,

 

Dont il s’agit,

 

Ici !

 

C’est l’essence

 

De l’Esprit !

 

La goutte d’Être

 

Qui fait déborder

 

Le vase

 

D’argile !

 

 

 

Jouissance de Vivre,

 

Ivresse du cœur

 

Qui Donne et Reçoit !

 

 

 

Ainsi, la tête tourne

 

Et ne contrôle plus rien !

 

Tout chante et danse

 

Autour de Soi !

 

 

 

Abandon exquis,

 

Pampres alanguis,

 

Ces grappes

 

Roulent

 

Sous le vent

 

D’anges !

 

 

 

S’évapore la part

 

Subtile de l’homme,

 

Sa quintessence,

 

Sa vérité –

 

Toute sa Beauté

 

Intérieure !

 

 

 

Dès lors, le nectar de l’âme,

 

En fragrances légères,

 

Réjouit le cœur

 

Des hommes,

 

Pour l’éternité !

 

 

 

Au bleu de l'onde...

 

 

Chimère de marin

 

 

 

Flammes des eaux de cristal

 

Qui dessinent une fleur

 

De vie à l’horizon –

 

Un cœur :

 

Celui de l’homme du présent

 

Qui bat à l’unisson de l’Être –

 

Un pégase traverse le ciel

 

Juste au

 

Dessus de sa tête,

 

Comme un rêve étrange…

 

 

 

Corps au galop,

 

Quatre pattes

 

À l’image de quatre

 

Éléments en action

 

Qui montent des marches

 

De rose eau

 

Pour atteindre le 7,

 

Le 9, le 12e ciel…

 

 

 

Des naseaux jaillit,

 

Fruit d’une fontaine fumante,

 

De l’eau

 

Qui dans l’air

 

Se fond à la robe d’or

 

Du messager

 

Qui passe, tel un fantôme,

 

Dans le champ vert

 

De l’océan…

 

 

 

Vois comme le temps est un songe,

 

Une chimère de marin…

 

 

 

 

 

 

Chasseurs de mots rares

 

Emily

 

À Emily Dickinson

 

 

 

De pâles fleurs fanent

 

À l’ombre des poèmes :

 

Emily n’est plus…

 

Et le ciel blanc dort,

 

Éternel nid d’albâtre,

 

Avec les défunts

 

Parfums coulant des nues :

 

Emily n’est plus…

 

Fleur blanche et solitaire,

 

Tu reposes nue

 

Dans le cercueil couchant

 

Des silences mus

 

Par le cycle absolu

 

Des sages saisons.

 

Au soleil, tes vers brûlent

 

Leurs ailes nacrées,

 

Et tes rimes sinuent

 

Sur l’eau virginale,

 

Caressant les halos

 

Des heures cachées,

 

Sous le poids des pensées

 

Plongeant dans la nuit :

 

Emily n’est plus…

 

Ton feu crépite encor,

 

Et souffle dans l’âtre

 

Son inspiration ;

 

Sur un parchemin,

 

Des cendres en rivière

 

Caressent la main

 

D’un poème endormi

 

Sur un sein blanchi

 

Par la fleur immortelle

 

Qu’une larme arrose :

 

Emily n’est plus…

 


 

La Cambrure du Rêve...

 

Kingdom for a Dream

 

 

 

Dream or not dream!

 

The shining hope burns

 

In a storm of ice!

 

And, here, I see

 

The soft light soap

 

Of stars which laugh

 

In the velvet sky!

 

Drama or dream!

 

À silence snake

 

Creeps on a cross

 

Of stone like

 

A Celtic symbol:

 

Surrealism

 

Or land of heaven!

 

Now, my spirit sails

 

On a sea of nails:

 

I follow the wind

 

On the old wheel

 

Of the great wisdom.

 

Dream or not dream!

 

My hand catches

 

A bunch of the moon,

 

And I ride on

 

A symphonic horse:

 

My kingdom for a dream!

 

 

Royaume pour un rêve

 

 

 

Rêve ou pas rêve !

 

L’espoir brillant brûle

 

Dans un orage de glace.

 

Et, ici, je vois

 

La douce lumière de savon

 

Des étoiles qui rient

 

Dans le ciel de velours !

 

Drame ou rêve !

 

Un silence de serpent

 

Rampe sur une croix

 

De pierre comme

 

Un symbole celte :

 

Surréalisme

 

Ou terre du ciel !

 

Maintenant, mon esprit navigue

 

Sur une mer de clous.

 

Je suis le vent

 

Sur la vieille roue

 

De la grande sagesse.

 

Rêve ou pas rêve !

 

Mes mains attrapent

 

Une grappe de lune,

 

Et je monte sur

 

Un cheval symphonique :

 

Mon royaume pour un rêve !

 

 

Les Quarante Rugissants

 

Galet amer

 

 

 

Sous les seins de la brume alors nous ferons halte ;

 

Nos cœurs, briseurs d’écume, aux serments de basalte,

 

Rougiront, sans pudeur, sous l’étain de la mer.

 

 

Et l’été roulera sur un galet amer,

 

Du Léthé, cette larme à la beauté fossile

 

Comme l’âme du mort qui sur l’amour oscille.

 

 

Sous la voûte du temps à la courbe gracile,

 

Un oiseau gaélique, aux ailes de hamac,

 

Gîtera dans nos yeux irisant le ressac.

 

 

Nous jetterons nos bleus dans la toile d’un sac ;

 

Brillera cette étoile, en fleur marmoréenne :

 

La moisson des coraux dans l’âme arachnéenne.

 

 

 

 

L'Éther de Soleil 

 

 

Dernières heures

 

 

 

                                                    

 

   Dernières heures... et le jour se pelotonnera sur le ventre de la nuit…

 

   Dernières heures... et un souffle arrondira le corps d’encre rouge des cerises balançant, sans pesanteur, sur les branches noueuses.

 

   Dernières heures... et le silence se posera dans le palais des étoiles, fondra sur la langue de la Voie lactée, embaumera les cordes vocales de la nuit.

 

   Dernières heures avant le retour vainqueur des oiseaux nocturnes, la valse iridescente de leurs ailes déployées sur le sourire muet de la campagne provençale !

 

   Dernières heures, sous les doigts les mots picoreront les premières miettes d’inspiration, puis iront se poser sur le balcon du rêve.

 

   Dernières heures… et l’écume verte des tilleuls rejoindra le grand océan des prairies.

 

   Oui ! dernières heures... et l’amour se glissera dans le corps chaud et suave de la jeunesse, fera plisser d’extase les yeux des oliviers, embrassera les lèvres purpurines des sirènes, ondoyant dans les rues du village.

 

    Dernières heures... et les façades de pierre des maisons moyenâgeuses s’offriront, indolentes, à la caresse onirique du jour déclinant.

 

   Dernières heures... et la lumière poussera dans les lampadaires, inondant, apaisant, les brûlures du bitume.

 

   Dernières heures avant le coucher félin de l’astre solaire ; son ensevelissement langoureux dans les champs de blé peindra d’éclaboussures fantomatiques l’ocre des pics rocheux !

 

   Dernières heures... et la touffeur de la journée versera son sommeil dans le vase frais du soir…

 

   Dernières heures... et les fleurs fermeront leurs ailes lutines ; couvriront leurs pétales d'un masque sélénien qui troublera les essaims de promeneurs mélangeant leur respiration contemplatrice aux cymbalisations* des cigales.

 

   Dernières heures… et le temps sculptera, dans la glaise du présent, ses minutes d’éternité…

 

 

 

*vibration sonore produite par la membrane d’une cigale mâle.

 


 

 

L' Être Nu

 

 

 

Cuerpo del amor

 

 

He visto un cuerpo,

 

Una silueta,

 

De sangre y de oro

 

Con una piel de silencio,

 

¡Totalmente perdida

 

Bajo el ámbar del cielo!

 

He visto las zarzas del día

 

Que le desgarraban las alas…

 

He visto un cuerpo

 

De amor sin fronteras;

 

¡Una tierra desnuda amarilla,

 

Roja, blanca et negra

 

Alimentada por la leche

 

De la Libertad!

 

He visto un cuerpo sano,

 

Sin corrupción

 

Así como el signo

 

Del futuro del mundo!

 

Aquí, he tocado la verdad

 

Con el cuerpo de la alegría.

 

He visto un cuerpo,

 

Un camino de fuego

 

Que andaba sobre estrellas de mar.

 

¡He visto una silueta,

 

Una luz en el cuerpo del amor!

 

 

Corps de l’amour

 

 

 

J’ai vu un corps,

 

 

Une silhouette,

 

 

De sang et d’or

 

 

Avec une peau de silence,

 

 

Totalement perdue

 

 

Sous l’ambre du ciel !

 

 

 

J’ai vu les ronces du jour

 

 

Qui lui déchiraient les ailes…

 

 

 

 

J’ai vu un corps

 

 

D’amour sans frontières ;

 

 

Une terre nue jaune,

 

 

Rouge, blanche et noire

 

 

Nourrie par le lait

 

 

De la liberté !

 

 

 

 

J’ai vu un corps sain,

 

 

Sans corruption,

 

 

Ainsi que le signe

 

 

De l’avenir du monde !

 

 

 

 

Ici, j’ai caressé la vérité

 

 

Avec le corps de la joie.

 

 

 

 

J’ai vu un corps,

 

 

Un chemin de feu

 

 

Qui marchait sur des étoiles de mer.

 

 

 

 

J’ai vu une silhouette,

 

 

Une lumière dans le corps de l’amour !

 

 

 

 

 

 

 

 

Moulin à vers

 

Échecs célestes

 

                                                           À Dali

 

 

 

L’éternité dansait sur l’homme au corps de harpe 

 

Et l’amour tisonnait le feu des papillons

 

Qui jetaient sur le ciel des roses en écharpe !

 

 

 

Lors, l’aède enroula sa peur dans des haillons,

 

Réveillant le parfum des étoiles votives 

 

Dans les herbes roulant, comme des médaillons.

 

 

 

Loin, un enfant pleurait, sous des fleurs émotives,

 

Devant un échiquier, la perte de son roi

 

Laissant à l’ennemi ses volontés captives.

 

 

 

Montait, dans son regard, un profond désarroi

 

Qui le fit immoler son cavalier fétiche :

 

Un alezan solaire aux reflets de corroi !

 

 

 

Vint alors le poète avec son acrostiche

 

Sur un vase d’azur qu’il posa sur le sol ;

 

Le chérubin ému lui peignit une biche.

 

 

 

Ô miroir de Gala d’un Dali tournesol !

 

 

 

 

 

Mousse des douleurs

 

 

Nul paradis n’est perdu !

 

 

 

 

 

   Cils ! Le fond de l’œil se livre au parfum des eucalyptus. À l’horizon, Téthys est lasse au bras d’Océan, et son amour se brise en fusains d’écume sur une digue retenue par Atlas. Alors, une vague, comme une vigne folle, s’enroule au pied d’un poteau télégraphique, libérant enfin le ciel de ces liaisons dangereuses ; ces tentacules répandant, partout, une lumière nécrosée (l’artifice des sens), l’énergie électrique d’un monde aseptisé ! Ainsi, les stridulations de l’eau se mélangent aux feulements de l’air famélique de nos cités lobotomisées… Pourtant, certains hommes attendent, sur le quai d’une gare invisible, ce train spatio-temporel qui les ferait voyager au-delà des épicentres nerveux de leur univers cataleptique. Ciel ! Le fond de leur œil cyclopéen se donne à la nuit de marché noir, à la cavalcade hypnotique des tournesols van-goghiens ! Au loin, l’écholalie de fleurs diurnes inhibe les pupilles de ces humains noyés dans les vérités absconses du temps… Derrière le mur des Lamentations, l’azur christique des prières plonge ses racines symphoniques dans l’eau des larmes cristallines versée par la souffrance nacrée des âmes spirituelles. Nul paradis n’est perdu !

 

 


 

 


 

 

Lame et Moire

 

Avale hanche

 

 

 

Histoire d’horizon,

 

Tes fleurs,

 

Abandonnées en grâce,

 

Ont les parfums secrets

 

De sucre et de glace

 

Des neiges éternelles.

 

 

 

Tes blanches fleurs polies,

 

Par mes mains gantées,

 

S’offrent en bouquets

 

À mes yeux d’avalanche.

 

 

 

Avale hanche et

 

Cristal de l’archet,

 

Ton corps est gelé

 

Par le feu de l’extase ;

 

Du bleu sur tes lèvres,

 

S’enfuient mes frissons

 

En fonte de silence.

 

 

 

Sous la fraîche coulée,

 

Ta lumière dessine

 

Des cristaux d’azur,

 

Des reflets d’oxygène,

 

Sur ta robe endormie

 

Dans ma nuit polaire…

 

 

 

 

Les Âmes Vagabondes

 

Les âmes vagabondes

 

 

 

Des rênes caressent des astres

 

Où galopent des chevaux d’or.

 

Sur leurs destriers funambules,

 

Des anges ruissellent de myrrhe,

 

D’or et d’encens.

 

 

 

Suivant ces indices célestes,

 

Le poète, aux ongles pleins d’étoiles,

 

Court entre les rails d’une voie,

 

Sans fin, où titubent les rêves

 

 D’un train de nuit !

 

 

 

Laissons alors pousser nos songes !

 

L’espace fait un bruit de verre.

 

Cassons, tout bonnement, nos vers !

 

Nous finirons bien par rouler

 

Sur les rails rouillés de la veille

 

Et du sommeil.

 

 

 

Et tout ce temps qu’un dieu nous donne

 

Nous devons, encor, au fer rouge

 

Le marquer pour l’éternité !

 

 

 

Le poète n’est-il qu’un pâtre

 

Surveillant son cheptel d’étoiles ?

 

Et nous, sommes-nous du bétail,

 

Les bêtes de somme d’un Dieu ?

 

Notre sort, jouons-le aux dés

 

Comme des âmes vagabondes !

 

 

 

 

 

 

Les Galets d'Encre

 

Jazz

 

 

 

De l’homme pâle et noir sous un crayon de lune,

 

J’imagine un poème au vol d’oiseau de nuit,

 

Un air de solitude, un dessin qui s’enfuit

 

Vers l’énigme de l’âge épousant l’infortune.

 

 

 

Ses mains aux gants de Jazz, son corps nu sous la brune

 

Âme en vibration qui sourit, sage fruit,

 

Aux yeux d’un mendiant soûlé par le circuit

 

D’une étoile à son fil portant la voix immune.

 

 

 

Son saxo maquillé par un chagrin de cuivre,

 

Sa fleur rose à l’amour le destin ne peut suivre,

 

Et rime avec un cœur couché sur le pavé.

 

 

 

Ce soir, l’enfant se brise et serre avec le vent

 

Un éclat d’or à terre, un sou d’art délavé

 

Par la célébrité d’un musicien absent…

 


Conte surréaliste et poétique

 

Autour d'Elle

 

Tout étonnée,

 

En silence,

 

Elle déposa la cage

 

Sur le sol,

 

Avant de s’approcher,

 

A pas de loup,

 

D’un tas de sable où…

 

 

 

 

 

 

 

Les chameaux se font abeilles

 

 

 

 

 

Caravanes sans rails,

 

Sur les seins du désert,

 

Les chameaux se font abeilles

 

Qui fondent dans le ciel

 

Avant d’être soudées

 

À l’arc par le saint zénith !

 

 

 

Zigzaguent les ombres,

 

Chenilles vers l’azur,

 

Des porteurs de la soif

 

Et du silence bleu

 

Sous le voile des hommes.

 

 

 

L’eau, dans l’outre du corps,

 

Dessine des mirages,

 

De sages oasis,

 

De rares instants

 

Sans aucune pensée !

 

 

 

Des pieds comme des dunes

 

Frôlent le vent de sable ;

 

Lors, tout le corps plonge,

 

Sous la chaleur d’une vague,

 

Avant de se dissoudre

 

Avec le sel des étoiles…

 

 

 

 

Autour d'Elle 2

 

Elle était

 

Toute tourneboulée,

 

 À tel point que

 

Son cœur faisait,

 

 Dans l’air, des vagues

 

Qui rendaient

 

Floue

 

Sa vision ;

 

Quand soudain,

 

Elle prit sa présence

 

En pleine face !

 

 

 

 

 

Drôle de zèbre !

 

 

 

 Elle ne sut, pas tout de suite,

 

Si c’était un zazou,

 

Zazie dans le métro,

 

Un zébu long ou bien

 

Un zèbre à rayures verticales

 

 Selon la distance –

 

 À plusieurs pieds

 

De ses yeux vairons

 

Qui lui faisaient voir

 

Les vers ronds,

 

Les rimes plates,

 

Voire jumelées,

 

 Même embrassées

 

Et les courbes allongées…

 

 

 

 

 

Sans prendre de gants

 

De soie,

 

Elle glissa

 

 D’abord un verre sur son œil

 

Droit, puis un autre

 

Sur son œil gauche ;

 

Frappée de stupeur, Elle se retrouva

 

Nez à nez,

 

Avec un zèbre atypique,

 

Dont le coefficient

 

De pénétration dans l’air

 

Pouvait ressembler

 

 À celui d’une

 

 Étoile filante

 

Propulsée par

 

Des rennes d’enfants…

 

 

 

Cependant, Elle jugea

 

Qu’il fallait qu’elle gardât

 

Ses distances,

 

Afin de protéger la bête

 

Du magnétisme animal

 

De son regard !

 

 

 

Ainsi, Elle l’observa

 

Qui traçait un échiquier

 

Dans un coin de brousse –

 

En effet, rien ne met

 

En échec un zèbre alerte

 

Souhaitant éloigner

 

Ces forces sombres

 

Qui sommeillent

 

Sous la ramée !

 

 

 

Ce cheval zébré,

 

Aux airs pacifiques,

 

Dessinait un mandala

 

Avec l’aisance d’une oie

 

Dans un jeu de paume,

 

D’un pachyderme

 

Sur une piste de bowling,

 

D’un chien de berger belge

 

Dans un concours de saut d’obstacles !

 

 

 

Quand Elle comprit que

 

Ce drôle de zèbre

 

Faisait des figures

 

De style spirituel,

 

Elle ferme les yeux

 

Et, quand elle les rouvrit −

 

En lieu et place du zèbre,

 

Il y avait des bâtonnets

 

De Mikado !

 

 

 

Depuis ce jour, Elle les

 

Utilise pour tricoter des

 

Lianes, des lignes de force

 

Qui donnent du ressort

 

 À ses pensées – c’est gonflé