Photographie Aviv McGregor
Photographie Aviv McGregor

L' Anachronique

 Courir plus vite que son nombre... vers les champs de l'absurde, du burlesque, du surréalisme !  

Chroniques burlesques & Fragments étranges et pièces mobiles

 

Puzzle-série 1

(pièces mobiles)

 

Ô poil !

 

Tout commença, un matin comme les autres, par une petite rougeur au creux de la main droite, mais rien d’alarmant ! Tant et si bien qu’il pouvait, comme à son habitude, faire son travail dans ce bureau postal de province.

 

À midi, déjà, la douleur devint plus lancinante, à tel point qu’il en oublia de boire son café avec ses collègues, après le déjeuner !

 

Soudain, vers 14 h, alors qu’il était perdu au milieu d’une pile de dossiers, il ressentit une brûlure profonde, comme si on lui avait percé la peau avec une aiguille. Dans sa paume, un trou, pas plus gros qu’une tête d’épingle. L’air nerveux, il se précipita dans les toilettes pour se rafraîchir un peu ! Devant le miroir, il semblait normal ; à l’exception de ces auréoles de sueur sous les bras, et de ce dos trempé lui aussi par le stress !

 

Vers 15 h, il n’en pouvait plus ! Sa paume le démangeait terriblement, si bien qu’il n’avait plus le cœur à sa tâche administrative ! Il fonça vers les toilettes, sous les regards noirs, de quelques collègues ! Il découvrit alors un fil au creux de sa main ; irrité, il le tira pour libérer ce qui ressemblait à un long cil ! Comme fou, il rua vers son poste de travail, plongea sa main gauche dans un tiroir pour y attraper un ciseau ! Les gens du bureau ne comprenaient rien à ses allers et ses retours ; pourtant, même s’ils avaient du boulot, par-dessus la tête, ils murmuraient… faisant planer une atmosphère lourde dans la pièce !

 

Il coupa net le poil, avec un grand soulagement ! Ce cauchemar était enfin terminé ! Il se sentit mieux : les douleurs avaient, miraculeusement, disparu ! L’air plus serein, il retrouva ses dossiers !

 

Aux alentours de 16 h, il tomba, brusquement de sa chaise, tandis que tous le regardaient, comme un paria ! Il ne pouvait plus tenir debout ! Seule position à prendre : rester couché par terre. Ce secret était trop lourd à porter ! Devant cette scène, ils se mirent tous à rire, comme des hyènes, en lui hurlant des horreurs : « Alors, il a un gros poil dans la main, depuis ce matin ! »

 

Et tout cela résonnait dans sa tête ! Il croyait devenir dingue ! Effectivement, le poil avait tellement grandi qu'il ressemblait à la longue mèche de cheveux de ces guitaristes de hard rock. C’est dire si la chose était impressionnante !

 

Totalement paniqué, il courut, à quatre pattes sous les tables, slalomant entre les pieds qui lui faisaient obstacle, pour rejoindre l’open space du directeur !

 

Il était 16 h 55, juste avant la débauche. Veston sur les épaules, le chef était sur les starting-blocks, quand il le vit débarquer, cavalant sur le sol moquetté, tel un nourrisson cherchant sa tétine !

 

À 17 h, après un bref examen de son cas : il avait un gros poil dans la main ! Aussi, il était licencié sur-le-champ, sans aucune indemnité, pour faute grave !

 

À 17h 05, il était avachi, comme tas de fumier, sur les espaces verts autour de l’immeuble de sa société ! Il pleurait tout son soul, si bien qui finit par s’enfoncer dans la terre, comme on sombre dans les sables mouvants…

 

Sa main disparut en dernier… Le poil se transforma en un arbre majestueux, fort comme un chêne !

 

Au bureau, on ne reparla plus jamais de lui ! D’ailleurs, on ne savait même plus s’il avait vraiment existé !

 

Après quelques jours, cette histoire était devenue une légende urbaine, car on était, ici, pour travailler ; pas pour être les prisonniers d’un conte à dormir debout ! Tout était donc au poil, à la virgule près ! Les dossiers étaient bien gardés ! L’affaire était classée !

 

 

Puzzle-série 2

(pièces mobiles)

 

 

À la virgule près

 

De son balcon, la belle Roxane m’écrit « à la virgule près ! » tout à coup, c’est le drame ! Avec ma plume, je pousse des cris d’orfraie, « chouette alors ! », me susurre cette petite voix intérieure. Tout de go, sans chinoiser, comme si je ne m’étais pas pris au jeu ! De bon aloi — oie frappée d’un drôle de tournis dans son labyrinthe —, je commence à me pendre le pied dans le tapis de mots croisés, devant des alexandrins qui riment ailleurs, et renverse un vers, en voulant mettre un point à cette pathétique histoire sans fin.

 

Comme des volets invitant une douce matinée de printemps, j’ouvre les guillemets, sans faire couler d’encre sympathique, je glisse une virgule, à la dérobée, et j’attends que cela morde ma quenouille….

 

Trois petits points plus tard, il fait un temps de cochon, soue, voire un peu noire dans le fond, telle une anguille, une flagelle gouvernant un spermatozoïde esseulé, je vois une virgule qui ose m’envoyer sur les roses avec son poing.

 

Deux points à la ligne, je tire un trait sur cette sinistre comédie ; et je compte sur mes deux doigts qui coupent fin, pour limiter les coquilles et la casse !

 

Temps long d’exclamation ! D’interrogation ? Toujours aucun point qui se pointe à la ligne, afin de désambiguïser ma pensée embrumée ; et je travaille un peu trop du chapeau circonflexe — voire perplexe devant mes ratures et mon style ampoulé ! La lumière est-elle à tous les étages de ma psyché ? De la matière grise, cela me rassure un peu, puisque voilà un savant mélange de noir et de blanc — façon échec et mat, damier sans Madame, ou clair-obscur — qui me fait envisager de signer en toutes lettres majuscules !

 

La montre tourne toujours, un peu molle… Je serre les points les uns contre les autres ; je me glisse, sous mon bureau, afin de trouver un signe sur le sol, un indice singulier ou pluriel ; j’en perds mon latin ! La peur au ventre d’être corrigé avec un bon coup règle sur les doigts de pied ! Suis-je en train de faire une crise de vers en solidaire, les nerfs en pelote ! J’en ai ras les basques qui me collent des vers à soie dans les oreilles !

 

Et voilà qu’avec un air léger, elle revient sur son promontoire et me jette au visage : « tu sais, je viens d’observer une virgule qui courait, dans un pré, avec l’espoir flou d’y trouver son petit bonheur, la chance !!! »

 

L’air un peu barré, je sabre encore quelques lignes et je biffe le reste de ma prose, grenade prête à m’exploser à la tronche ! Je me lève, elle me bouscule en me mettant les points sur les « i » !

 

Soudain, il fait chaud, du haut de son perchoir, je lui lis, les cieux dans les cieux, Lisieux pour pleurer, des mots d’Amour qui rime presque avec velours ; alors, elle s’éclipse, telle une ellipse, me laissant bouche bée, à l’image d’une nature morte devant son chevalet, l’imaginaire en deuil et le cœur grenadine, tandis que, dehors, la mer monte et qu’il pleut des sardines, à l’huile de coude, qui rendent ma tâche plus ardue ; avant qu’une virgule précieuse ne me sorte la tête de l’eau, afin que je lui compose un burlesque fandango, au banjo : une œuvre complète, en si bémol, je ne suis pas si bête !

 

À l’horizon, les oiseaux font la nage papillon, les poissons volent comme des bateaux-mouches, tout est dingo, le chien aboie et la caravane des pêcheurs à la ligne passe, en espérant compter les points. Alors, je me jette dans les cordes vocales, car je connais la chanson… L’écriture m’a fait perdre la raison. Le rideau est tombé ! Le train a sifflé trois fois ; le facteur Cheval a construit son idéal palais à la sueur de son front ; avec la langue du mou lierre, par un rose temps, en mode Edmond, je noue ma psyché qui délire à plein nez ; à la virgule près ; la boucle est bouclée ! Cyrano peut dormir sur ses deux oreilles !

 

 

Alcior

(fragments étranges)

 

Une île en Soi

(02.10.20)

 

Dans le bleu de ses yeux, la fonte des migrations abstraites, la chute libre du sol vers le ciel ; car, ici-bas, tout est inversé, les aiguilles du temps tournent dans le sens contraire du progrès de l’humanité, de l’élévation de son Esprit vers la Loi Une de la Création — originelle Loi qui donne, nourrit et protège la Vie dans ses formes singulières.

 

Sur ce bateau social — qui prend l’eau —, l’homme est comme ivre et il boit seul la tasse, au goût amer et salé, sur le pont des propagandes politiques, historiques, scientifiques, religieuses…

 

Lors, l’heure est venue, depuis la source du Cœur, de barrer son vaisseau, d’assumer son rôle de capitaine sur les eaux tumultueuses de la comédie humaine…

 

Déjà, entre les rouleaux, du printemps à l’automne, de l’hiver au Léthée, un orage d’été gronde, comme s’il voulait sermonner ce mousse maladroit, ce marin esclave qui  rame en vain, en pleine galère, et accepte de se perdre au sein d’un funeste maelstrom « Victime-Bourreau-Sauveur » — ô puissant triangle des Bermudes l’emportant, par le fond, dans la gueule carnassière de l’Hydre du monde !

 

Corps, âme et esprit sont prisonniers — en apnée sous leur masque de poisson-globe, fugu au regard ahuri de merlan frit — d’un faisceau tentaculaire d’algues sous-marines doué d’une conscience artificielle qui les tue bas et cherche à siphonner l’énergie de cet humain-hôte. Ô ver diabolique divisant l’être jusqu’à sa totale explosion — le matelot se noie dans un verre d’eau… coquille vide ou noix broyée par la pesanteur médiatique. Toute la force inquisitrice d’une extinction de masse de la Vérité naturelle en Soi !

 

Seul l’Être conscient échappe au naufrage et crée, en son ciel fœtal, des îles sauvages au service du Vivant — ces paradis terrestres, ces havres de paix guidés par les courants de l’Amour, sous le chant de cosmiques sirènes sillonnant les côtes d’opale sculptées par l’ancestrale Sagesse de la Nature…


 

 

L'Anachronique s'en fait

tout un monde spirituel !

 

Chasseur de fantômes (épisode 12)

 

 

 

    Sur le chemin du retour, avec ma baguette de campagne à la main, je suis retombé sur le vieux de dos et assis sur une vieille souche de séquoia. Il semblait complètement absorbé dans ses pensées, aussi j’ai cru qu’il n’avait pas prêté attention à moi. Mais, comme s’il avait une paire d’yeux de lynx greffés à l’arrière de sa chemise de bûcheron canadien, le vieux m’a gueulé : « Hé ! Gamin, tu joues à quoi ? » J’étais scotché ! Il m’avait repéré à plusieurs mètres. Un peu penaud, je me suis approché de lui, à pas de loup, car, une fois de plus, il paraissait vraiment flippant avec ses airs de vieille branche aux pouvoirs surnaturels. Alors, il a commencé à me décrire les deux spectres qui m’accompagnaient : deux entités errantes qui me collaient un peu trop à la peau et qui me pompaient beaucoup d’énergie. Le vieux m’a lancé : « tes deux compagnons ont des têtes bien sympathiques, mais je préfère leur fabriquer un tunnel de lumière pour qu’ils remontent dans leur sphère ! Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées ! » Bon ! Tout ça s’est fait sous mon nez, à un niveau subtil et bien sûr invisible pour moi ! Décidément, je crois que mon corps est aussi hermétique qu’une boîte de conserve, le contact avec les mondes spirituels ne m’est pas naturel, tandis que le vieux, lui, il roule sa bille dans le domaine ésotérique. C’est vrai qu’après ce tour de passe-passe, je me suis senti plus léger, comme si l’on m’avait enlevé un boulet à chaque cheville. Et, gai comme un pinson, j’ai planté le vieux, là — le cul sur son chicot —, avant de décamper comme un lièvre !

 

 

 

 

 

L'Anachronique tient son journal

de bord du monde !

 

 

Braver les lois de la République !

 

 

 

    La loi interdit de téléphoner au volant. Eh bien ! Je l’ai fait ! Oui ! Confortablement enfoncé dans le cuir de mouton de ma vieille bagnole, j’ai tenu une clope (non allumée, car je ne fume jamais en conduisant !) dans la main droite et mon téléphone portable dans la gauche. Oui ! J’ai roulé à tombeau ouvert, environ 50 km/h, et les arbres défilaient comme des Playmobils, autour de moi, pendant que je parlais de la pluie… et de la pluie et du crachin aussi à un ami… Et des mouettes, comme des alouettes, lâchaient sur mon pare-brise des fientes plus grosses que des cadavres de moustiques faisant du « base jump » depuis le pont d’une autoroute. Alors, fier comme Artaban, j’ai avalé du bitume, durant plusieurs minutes, dans ma voiture sanglée sur le pont de la dépanneuse, avant qu’elle n’arrête sa course folle à l'entrée d'un garage. !!!

 

 

 

Les Chroniques Oniriques de l'Anachronique (COA)

 

 

La main sur les pôles

 

(25.01.17)

 

 

 

            En surface, un désert blanc !  Quelques carottes glaciaires de-ci de-là, quelques restes du goûter des scientifiques qui, parfois, avaient la dent creuse ou les dents longues jusqu’à rayer cette géante patinoire !  Soudain, comme sorti d’un chapeau de magicien noir, un lapin bélier à peau de dauphin me sauta aux yeux, mort de froid dans son terrier de cristal. J’étais sur le cul, évitant de rester collé sur le sol gelé. Je savais que les esprits sombres des hautes sphères nous prenaient pour des moutons ou des oies blanches perdues dans les neiges éternelles : à ce jeu, blanc sur blanc, j’en perdis mon latin, mon lapin, même en jetant un regard curieux au-dessus des pôles !

 

            Ces derniers temps, une frénésie avait gagné les « zélites » qui lançaient des œillades, toutes princières, à l’Antarctique ! On pouvait s’interroger – à l’image d’un journaliste de paille s’accrochant à sa carotte glacière comme si elle fut son micro – sur les raisons de cet engouement pour la glace de ceux qui étaient (comme hiver) plus à leur aise sur les lignes de poudreuses. N’étant pas né, sous le signe du poisson, ni du dernier grêlon d’ailleurs, ce manège eût attiré l'attention de n’importe lequel des aveugles.

 

             À coups de dents de tractopelle, on aurait creusé pour découvrir, dans les profondeurs, une immense cité souterraine construite, il y a des milliers d’années, voire en milliards (comme l’homme du même nom qui ne vaut plus un sou, depuis l’éclosion du Transhumanisme moderne !) par une civilisation venue de l’espace : des géants dont certains seraient encore, en stase, dans des tombeaux.

 

            J’imagine qu’ils avaient confondu la Terre avec un vaisseau spatial et croyant qu’ils étaient dans le poste de pilotage, ils se seraient assoupi dans leur siège de glace, tel un Mr Spock sous tranquillisants ! Belle histoire au bois dormant, avec pour dessein de réveiller les masses qui se lamentaient entre le coup de marteau social et l’enclume de la finance mondialiste !

            Les tyrans qui gouvernent dans l’ombre sont de vrais bandits manchots, de lourdes machines à gains qui broient, du noir et du blanc, sur leur passage ! Avant la Seconde Guerre, Hitler et ses compagnons de torture (mentale et chimicocorporelle) — sous couvert d’une société secrète (symbole d'un soleil noir) — auraient découvert cette installation sous les glaces. Ils eurent du flair ou bien ils fussent plutôt (tel le chien truffier) bien renseignés ! Ainsi, ils auraient réinvesti ces charmants espaces cachés, recelant de vieilles technologies extraterrestres !

 

            Les nazis auraient même rencontré (du genre déjeuner sous l’herbe) des races reptiliennes qui avaient élu domicile au sein de ces vastes cavernes, après le départ des Géants, à l’exception de ceux qui seraient toujours dans leur poste de pilotage. Sachant que les serpents ne sifflent pas que sur nos têtes, il paraît logique qu’ils se lovent sous nos pieds ! La vie perd à être gagnée en surface, nous dit le dicton de ces drôles d’êtres à la physionomie de grands lézards.

 

Ces reptiliens qui pourraient être aussi les fruits véreux de manipulations génétiques de ces fameux nazis qui aiment s’amuser à hybrider tout ce qui bouge. D’ailleurs, ces bases leur auraient servi aux nazis de laboratoire « Lego » pour développer nombre de programmes de construction d’engins spatiaux pour violer le système solaire (à l’image d’Icare, ils avaient eu une envie folle de se réchauffer, après des mois au frais dans les chambres froides de Picard – aucun rapport avec le capitaine du Stargazer dans la série Star Trek !) et au-delà.

 

Il n’y avait plus qu’à attendre, dans un bon bain chaud, un geyser solaire, que la vérité explosât à la tête des esprits endormis sur leur quant-à-soi ; ces bons gardiens d'une matrice totalitaire qui tyrannise la planète, « plat net » selon certains qui cherchent encore à creuser la couche épaisse du savoir ! La vérité est peut-être ailleurs, sous nos pieds !

 

 

 


Aphorismes

 

Bêtaphorimes

 

☼☼

 

Arrivé à son port d’attache,

 

Le marin se libéra

 

D’un poids sur la conscience –

 

Le faix est là ?

 

 

 

☼☼

 

Dans la jungle, le lion

 

Trône sur le sol !

 

 

 

☼☼

 

Prendre la clef des champs

 

Et suivre sa nature

 

Pour que les portes s’ouvrent…

 

 

 

☼☼

 

Procession lunaire :

 

Deux chenilles escortent un papillon !

 

 

 

☼☼

 

Coulant des jours heureux,

 

Les larmes salées

 

Du marin d’eau douce…

 

 

 

Fragments et autres éclats déments !

 

Vide

 

L’air de rien, il leva son verre vide à la santé des nantis.

En sortant de ce vide-greniers, il fit le plein de son coffre de voiture.

La rangée de verres vides n’est jamais très loin de l’homme plein.

 

Le plus dur !

 

Et dans le palais, l’étonnante dureté du caramel devant la mollesse de la molaire !

 

 

 

 

 

 

Un Monde à Nous !   

 

C’est l’époque des vendanges ! Nous observons avidement les grappes de cueilleurs au pied des vignes.

 

                                             

 

    Il nous arrive de marcher sur l’eau, pendant des heures, sous un soleil de plomb, avec, dans nos bouches sèches, un brûlant goût de sel !

 

                                              

 

    Nous capturons des tigres que nous gardons, en liberté, dans nos villages, car ils nous permettent avantageusement de nettoyer la terre autour de nos massifs de roses ; ainsi, à toute heure, nous avons à disposition des griffes de tigres qui font office de griffes de jardin.

 


CHRONIQUEUR
sur VENTS CONTRAIRES (revue collaborative du Théâtre du Rond-Point.)

Mes chroniques sur Ventscontraires.net

 

Publication d'aphorismes sur LE BLOG LES 807

Mes aphorismes sur Les 807
 

L'humeur de L'Émerveilleur (slams)

 

 

L'Humeur de l'Émerveilleur

 

À la Source

 

 

 

À l’aise,

 

Sur la terre glaise,

 

J’aiguise la brise

 

Sur la falaise

 

Aux quatre vents,

 

Fils des éléments !

 

 

 

Sans effets de style,

 

Ni aucun effort,

 

Je parle aux fées

 

Avec le feu des étoiles,

 

Les eaux du Verseau

 

Sur mon zodiac.

 

 

 

Ici, j’ai l’air de rien

 

Et pars en poussière

 

À chaque traversée

 

De mon désert –

 

Intérieur jour,

 

Extérieur nuit,

 

J’harmonise ma dualité

 

En polissant mes facettes.

 

 

 

Sans tomber dans un piège

 

De cristal,

 

M’enfermer dans une cage

 

De Faraday,

 

Dieu ne joue pas aux dés,

 

J’avance en globalité,

 

Mon cœur monte

 

En tours (sans Pise de tête) –

 

Vibre,

 

Plus vite et plus haut,

 

À mesure que mon égo

 

Fait taire sa machine,

 

À presser les pensées,

 

À piller les concepts,

 

À la face du monde !

 

 

 

Point de diable qui divise

 

Le cœur,

 

Qui devise en sous-main,

 

Si l’on suit l’équilibre

 

Naturel !

 

 

 

 

La Nature, elle,

 

Suit les lois universelles !

 

Petit homme alors fin

 

Se métamorphose en lumière –

 

La vraie source de sagesse

 

D’une conscience plus claire

 

Qui transcende la chair…

 

 

 

Gardez ça en mémoire

 

Pour la suite du chemin !

 

Fontaine, je boirai de ton eau

 

Si mon cœur la trouve claire !

 

 

 

 

 

 

 

 

L'Humeur de l'Émerveilleur

 

 

Pire aîné

 

 

 

Avec ma gueule de fils unique,

 

Un modèle du genre sapiens,

 

Je ne suis pas le pire aîné,

 

Pas un bon à tout flair ;

 

Pourtant, aussi fidèle

 

Qu’un chien de berger,

 

J’aime mes Pyrénées !

 

 

 

Guerrier avec ma cotte

 

De maille,

 

La côte

 

Est mon terrain

 

De jeu à taille

 

Humaine,

 

Il faut que cela m’aille

 

Et je vous dis cela

 

Sans que la moutarde

 

Ne me monte au nez !

 

 

 

Eh men !

 

Je me bats contre des moulins

 

Imaginaires…

 

 

 

Imagine vingt mille lieues

 

Sous mes nerfs,

 

Avant que l’océan

 

Ne me colle aux basques.

 

Toujours fier

 

D’être Basque

 

Pour surfer sur mon sujet :

 

Celui de l’universalité,

 

Car, en fait,

 

Sur la digue de mon cœur,

 

Flottent les drapeaux

 

De tous les peuples

 

D’ici et d’ailleurs !

 

 

 

Ce n’est pas une parole

 

De rimailleur,

 

De scribouillard

 

Qui se perd dans les brumes

 

Du pays ;

 

 

 

Je ne suis pas dans le brouillard

 

Et, assez lucide à l’intérieur,

 

Je navigue à vue !

 

Aucune histoire de couleurs

 

De peau, de sexe,

 

Temps est venu

 

D’oublier le sextant

 

Et de suivre son étoile,

 

Même si celle-ci semble

 

Inaccessible !

 

 

 

Comme je ne vise

 

Aucune cible,

 

J’atteins mon but,

 

Passant par la petite

 

Lucarne !

 

 

 

Ici, la plume fait mouche

 

Et le rêveur mord

 

À l’hameçon…

 

L’âme son est ce

 

Bruit de l’esprit

 

Dans sa fureur

 

Silencieuse…

 

 

 

Alors, au sein des champs

 

De la vérité,

 

L’homme sage murmure

 

À l’oreille des Pottoks

 

Bien campés

 

Sur leurs Pyrénées,

 

Qui font corps

 

Avec la roche

 

Pendant que je les regarde

 

À l’arrache,

 

Avec mes tics et mes tocs.

 

 

 

La vague me mène

 

Où elle le veut

 

Et je rejoins le vent

 

Du large,

 

 

 

 

Prends de la hauteur

 

Pour admirer

 

Le pays sage,

 

Pas plat pour un sou,

 

Dont les courbes

 

Font le tour de

 

Mon monde

 

En quatre-vingts jours,

 

Ou cinq semaines

 

En vallon !

 

 

 

À l’aube, devant

 

Le Moulin de Bassilour,

 

Là-bas, si lourd

 

Qu’il en perd la boussole,

 

Mon bataillon peut se rhabiller

 

Et aller se dorer la couenne,

 

Comme les gens bons du pays,

 

Sur le rocher de la Vierge,

 

Et y voir des éléphants de mer

 

Qui passent sur des planches,

 

Comme par miracle,

 

Sous les seins d’Éole !

 

 

 


Romans (absurdes, burlesques, surréalistes)

 

 

 

 

 

Sous le Signe du Créateur

 

( .

 

Le petit homme passait son temps à se cacher derrière sa lune, autruche plongeant sa face volatile dans un trou. Les proctologues de l’époque appelaient cette attitude fuyante : le syndrome de la tête dans le cul. Alors que l’Homme, de toute sa taille d’Atlas, regardait le soleil droit dans les yeux.

 

_.

 

Lâche, le petit homme avait la tête dans le vide et les pieds collés sur son plongeoir, alors que l’Homme faisait déjà le saut de l’ange pour transcender la matière et se baigner dans la Lumière.

 

 

 

^_._^

 

Le petit homme espérait déplacer des montagnes à la force de sa pensée alors qu’il avait le cul entre deux pierres tombales ; à cette époque, l’Homme, lui, maîtrisait la téléportation, la télépathie, la télékinésie et les critiques de Télérama.

 

 

 

_ _ _ _ _

 

.

 

_ _ _ _ _

 

Désorienté, le petit homme était paumé en plein champ et regardait, d’un air bovin, les trains qui passaient, pendant que l’Homme, au cœur des champs gravitationnels, tutoyait la Voie lactée avec une flamme christique au sein de son regard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gurluk

 

SENTENCE

 

 

 

Telle était la sentence sur GURLUK, les tricheurs, les maraudeurs, les frimeurs, les arrogants, les intrigants, les fainéants étaient jetés dans le gouffre à ressorts, bondissant à perpétuité, sans jamais décrocher une seule étoile (de toutes les façons, elles demeuraient inaccessibles au commun des mortels puisqu’elles étaient conservées sous des cloches à fromage, des sortes de moustiquaires en fibre de bambou) ou une queue de Mickey !

 

Ainsi était la Loi sur GURLUK qui avait des millénaires d’évolution par rapport aux autres étoiles environnantes.

 

GURLUK ressemblait à une naine rouge, petite et boursoufflée, avec une chevelure flamboyante ; elle se déplaçait dans l’espace par grands bonds de pois sauteurs pour faire une révolution sur son axe en 1 gurlek avant d’arrêter sa rotation durant 7, 14 ou 128 gurleks (un gurlek équivalant à 9 mois terrestres).

 

 

 

Sur canapé

 

 

Pourquoi est-ce que tu me dis "revenons à nos édredons" ? Je ne vois pas bien le rapport. À nos moutons ! Et alors ? La laine du mouton est aussi légère que des plumes d’oie dans une couette. Toi, tu travailles dur du serflex. Tu as trouvé cela tout seul ou tu as consulté une encyclopédie ? Tu te ligatures trop la trompe, mon pachyderme. Parfois, tu m’impressionnes, mais… attends ! Ne commence pas à gonfler du jabot et à faire la roue. Si je te complimente ? Je ne crois pas, car je n’ai pas terminé ma phrase. Tu me coupes la parole pour ne rien dire. Tu me saoules avec tes réflexions alambiquées. Un alambic, tu sais ce que c’est. Tu m’étonnes, ma cirrhose.

 

Bon. Je peux en placer une. Arrête avec ta révérence ! On dirait le Bossu de Notre-Dame. Je ne te demande pas de faire sortir le teckel de sa niche. Tu te courbes comme une chiffe, on pourrait croire que tu veux me faire une gâterie, que tu veux faire sortir le teckel de la niche, comprendo amigo !

 

Ça te fait rire. Tout ça pour t’expliquer que ta blague à glisser sous l’édredon est complètement navrante. Pourrie, c’est pareil. Tu entends mieux pourrie ? Alors oui ! Elle est complètement corrompue, avariée ton histoire.

 


 

  

 

 Il & Elle

 

Oui Oui ! Certains humains méprisent complètement notre peuple « animal », sa culture, son intelligence, sa sensibilité. Leur ignorance est destructrice. Quand je pense qu’ils nous considèrent encore comme des « inférieurs ». C’est vraiment à mourir de rire ! hurla l’hominidé géant. Il poussa alors un cri guttural qui fit tomber à terre deux sapajous, perchés tels des inséparables, sur une branche de séquoia nain. Un nasique — dont la conformation nasale évoque une patate douce — qui passait à ce moment-là s’empara des deux cébidés pour les loger au sommet de son arbre fruitier brésilien.

 

    J’en suis vraiment navré, mais mes congénères n’ont que le SPA (Sexe-Pouvoir-Argent) pour garantir une stabilité à leur animalité. Ils s’échinent donc à maintenir l’équilibre entre ces trois états, en croyant donner du sens à leur existence, lui expliqua Il.

 

    Au sujet du « Sexe », mes camarades « Bonobos » ont instauré un régime d’harmonie et d’échange afin d’assurer la paix et la joie sociales au sein de la communauté, lui répliqua Oubangui.

 

    Quelle belle idée de considérer le sexe comme le ferment, le ciment des relations physiques et spirituelles entre tous les acteurs naturistes (à poils !) qui peuplent la cité !

 

    Ce n’est pas tous les jours que j’ai une discussion aussi intéressante avec un humain. Bien sûr, il y a bien, Henri, un médium qui vient nous rendre visite tous les dimanches, mais, lui excepté, je crois que cela fait des lustres que je n’ai pas représenté mes frères devant un « homo volubilis », s’exclama Oubangui.

 

    Le plaisir est partagé, cher Oubangui. D’autant que j’ai aussi traîné mes guêtres au nord de Meknès — dans la cité archéologique de « Volubilis » au Maroc — dans ce très vieux territoire du peuple des Berbères, lui dit Il.

 

    Je connais un peu cette ancienne région rattachée au royaume de Maurétanie.  Au IIe siècle av. J.-C., mes aïeux, en route vers l’Europe, aperçurent les guerriers algériens qui résistaient contre l’invasion des légions romaines qui eurent raison de ces troupes berbères, répondit fièrement Oubangui.

 

 

 

1.2.3. Sommeil

 

1er Jour : Épique Hippique

 

 

 

   Ruppert adorait le quartier bourgeois où vivait son psy. À deux pas du centre-ville et de son brouhaha quotidien, cet endroit était un lieu béni : un havre de paix qui cachait une rue bordée de platanes, dont les larges silhouettes courtisaient un square. Dans ce jardin, deux bancs publics se regardaient l’un l’autre : deux amoureux caressés par les tresses d’un arbre qui bruissaient, comme un air de Brassens, sous les jupes d’une brise de printemps. À son arrivée devant le numéro 9, Ruppert descendit les trois marches le menant à la porte de Carl Young, son psychanalyste, qui le recevait pour une séance de thérapie hebdomadaire, depuis trois longues années. Il faut dire qu’avec Ruppert, une année compte pour deux.

 

    Fidèle à son habitude, il sonna à la porte de son psy avec une bonne dizaine de minutes de retard sur son rendez-vous de 10 heures. Cela importait peu, puisque Young semblait, lui aussi, toujours en disgrâce avec sa montre, une montre luxueuse, mais cela n’arrêtait pas le temps. Ruppert traversa le couloir quand Monsieur Young apparut en chantant : « Si tu vas à Rio, n’oublie pas ton petit chapeau ! » Effectivement, ce diable de Young avait vu juste, car ce matin-là, dans sa précipitation, ce lunaire Lauridge avait oublié son chapeau melon pendu à une psyché dans sa chambre. Gêné, il s’avança vers Young, en tendant sa main droite, pour le saluer, mais Young la refusa, en lui expliquant :

 

     − Cher ami, nous allons proscrire la poignée de main, avec tous ces virus grippaux qui s’agrippent partout, en ce moment. Le manuportage vous connaissez, rassurez-moi ?

 


Nouvelles étranges

 

 

 

Bloc 666

 

 

 

   « Entendez-vous ce rire, Jérémy ? 

 

   − Oui, Professeur Manguti. J’imagine celui d’une hyène. J’y ressens la perversité, la méchanceté.

 

   − Vous ne pouvez pas si bien dire ! C’est le son des Enfers !

 

   − Des Enfers ? Que voulez-vous dire, au juste ?

 

   − Cet individu appartenait à l’ancien monde et, maintenant, il croupit dans les sombres brumes d’Hadès.

 

   − Horreur ! Mais nous ne pouvons pas rester dans ce lieu bien trop dangereux pour notre santé spirituelle.

 

   − N’ayez crainte ! Dans le bloc 666, les agissements de ces êtres sauvages sont sous contrôle pour assurer leur évolution et garantir la paix dans notre Univers ».

 

   Le professeur Manguti continuait, accompagné de son stagiaire en ethno-cosmologie, sa visite dans cette sphère de désolation morale et affective. Cette exploration, qui pouvait s’apparenter,  à l’échelle terrestre, à une plongée à plusieurs mètres de profondeur, éprouvait les enveloppes énergétiques du maître et de son jeune élève. Toutes les précautions techniques avaient pourtant été prises pour préserver l’équilibre psychique des deux chercheurs. Ils étaient astreints, à la descente à ce seuil de très basses vibrations, comme à leur retour à leur niveau alfa, au strict respect d’un protocole, soit le passage par des paliers de décompression énergétique.

 

 

 

Babel et 8 autres nouvelles

 

 

Babel

 

Vu du ciel, on pouvait seulement observer des champs de tours, des immeubles si hauts qu’ils semblaient percer les nuages , des entrelacs de matériaux composites de tailles différentes, où les murs de vitrage pressurisé reflétaient les premiers rayons de soleil matinaux ! Au pied de ces colosses de verre, des sans-logis, tels des papiers gras, jonchaient le sol de rues fripées : tout était aride ! Et moi, Hermano Dias, je  n’avais que la force de tendre une main pour recevoir les quelques cartes monétiques contenant un peu d’argent virtuel pour m’offrir une journée de vie en plus !

 

 

            J’espérais attendrir une poignée de passants contraints et ils étaient de plus en plus rares de traverser des avenues pour rejoindre la tour où ils devaient occuper leur poste de travail. Ces quidams faisaient partie de ceux (une sorte de caste inférieure) qui n’avaient pas encore les moyens de résider dans le même immeuble que celui où leur bureau les attendait !

 

            Je comptais sur la générosité de ces quelques individus cachés sous leur combinaison anti-UV. En effet, avec la disparition de la couche d’ozone, il devenait impossible de s’exposer aux rayonnements solaires, sans protection adéquate. Ce sont donc des silhouettes fantomatiques, toutes de blanc vêtues, qui arpentaient, d’un pas rapide, les rues de Babel.

 

 

            Je portais, moi aussi, un vêtement de protection contre les radiations du soleil ; un habit noirci par la crasse, et les trop longues nuits que j’avais passées sur les boulevards de Babel !          

 

  Devant moi s’amoncelaient des cartes magnétiques qui devaient contenir de la menue monnaie ! Je ferai mes comptes quand je rentrerai dans ma tour des pauvres où s’entassait toute une humanité désocialisée !

 


Pièces de théâtre (absurde, burlesque, surréaliste, fantastique)

 

 

Human Bird

 

Acte I, scène 1

 

Agent A : (tournant sur sa chaise et parlant comme un robot.) Votre argument me ne convainc pas, vous êtes employé chez W.C. et vous avez suivi un mois de formation tétravalente avant d’être accepté au sein de ce stage réservé aux titulaires d’un master 2 en droit des affaires. Ne jouez pas avec les règles comme on pipe un dé à coudre !

 

Stagiaire X : (levant une main droite tremblante vers le ciel.) Je vous prie de m’excuser, mais j’ai pensé qu’il y avait urgence ! Et si vous regardez bien mon doigt, vous pourrez remarquer que je n’ai pas de dé à coudre.

 

Agent A : (retrouvant son immobilité sur un ton toujours robotisé.) Je le vois bien, c’est pour cela que j’ai accepté de vous écouter ; cependant, vous n’avez pas à penser, vous n’êtes rien pour l’instant dans cette société ! Vous devez exécuter les ordres, adopter les protocoles qui vous permettront d’être meilleur. Suis-je assez clair ?

 

 

 

Terra Incognita

 

Acte II, scène 4

 

Les nues Fukushima : (d’un air rassurant.) Ne vous inquiétez pas, nous nettoierons votre peau, ses boutons et ses points noirs avec notre eau précieuse !

 

Les sols pleureurs : (complètement horrifiés.) Arrêtez ! Arrêtez immédiatement ! Vous voulez nous brûler l'épiderme avec vos urines radioactives !

 

Les nues Fukushima : (très vexées.) Des urines, vous êtes bien piquants, aujourd’hui ! D'où vous vient cette colère contre nous ? Nous sommes de nues comme les autres. Nous vous offrons toutes nos larmes qui panseront vos plaies. Mais d’où s'échappe cette odeur nauséabonde ?

 

Les sols pleureurs : (se couvrent avec leur bâche.) Mais c’est horrible, après le bruit, voilà l’odeur ! D’où montent ces odeurs qui ondulent au-dessus de nos oripeaux ?

 

   Sortant comme un satyre d’un coin du bois, Le pet H fait une entrée tonitruante au milieu des nues Fukushima et des sols pleureurs.

 

Le pet H : (tout excité !) On dirait que mon arrivée en fanfare a fait l’effet d’une bombe ! On se serre, mes enfants ! Papa pet H ne peut pas rester neutre dans cette histoire qui tourne au vinaigre. Par votre faute, Papa pet H souffre de remontées acides ; tout ça lui pèse sur l’estomac.

 

 

 

Psyché Délire

 

Acte I, Scène 2

 

   Reinette s’impatiente, elle tourne comme un lion en cage.

 

Reinette : (met ses mains en porte-voix et s’approche de l’escalier. Elle pose un talon sur la première marche, et parle haut et fort) Girard, que fabriques-tu ? Je n’en puis plus d’attendre. Je sais que tu es dans ta chambre devant ton ordinateur. Tu ne vas pas faire exploser le moteur de recherche pour trouver un prêtre sur internet. Tout cela n’est pas très sérieux. Tu ne veux pas non plus que je me rende dans l’église au coin de la rue Des Moines, à deux pas de la maison. Girard ! Arrête ta blague ! Et descends, immédiatement !

 

   Girard dévale l’escalier à toute vitesse, vêtu d’une soutane, et manquant de s’y prendre les pieds.

 

Girard : (essoufflé) Me voici ! Avec cet habit de prête, je devrais sacrément impressionner notre Béhellmot. C’est le déguisement que j’ai porté lors de la dernière fête costumée chez nos amis les Cerbères.

 

Reinette : (ahurie) Tu ne penses pas… avec ce… Béhellmot.