· 

L'homme du cru aux pieds de grue !

 

Homme du cru aux pieds de grue !

 

(extrait Puzzle série 3 - pièces mobiles)

 

                                                                                              À Hacène

 

Toujours en exploration profonde au sein de cette région occitane — où la moelle (épine hier à la rose espérance de deux mains) de l’os s’y tanne le cuir, sous les crocs d’un fier représentant canin mexicain, Guess, qui porte, en son cœur de vachette, le bucolique département de l’Ariège, fief onirique de ces Pyrénées à l’instinct volcanique —, j’observe, avec un œil de faux con, les humeurs du village dans lequel je me fonds avec la pudeur d’un membre d’une association de naturistes irrités par la fibre textile en milieu aqueux sur des plages de galets pleines de regards pudibonds….

 

Soudain, mes yeux se figent sur la face rubiconde d’un quidam local qui — par tous les temps, en toutes saisons, qu’il pleuve, sous son pépin de Bob l'éponge, qu’il neige, sous son poncho d’Inuit ou bien qu’il vente, dans son ciré de toréador — pose son séant sur un phallus de pierre, bite d’amarrage céleste ou menhir trônant à quelques encablures de la supérette marquant le carrefour entre le monde des morts et celui des vivants.

 

Ainsi, sous les mirettes de cet épervier humain, la vie va bon train : le chien aboie et la caravane des vacanciers passe à la vitesse d’un vaisseau fantôme, d’une chenille de fête foraine en procession vers Lourdes ; là-bas, les miracles y sont légion et l’eau coule à flot bénit, entre les pieds d’une vierge image aimant les bains du Saint-Siège !

 

Ô je me perds sur les voies du seigneur qui restent impénétrables à ma psyché, car la foi du croyant me met les boules sur le billard des jours sans pain au levain caressant le Boursin persillé d’un fromager en exil sur les routes du vin de table…

 

Alors, le mât sage sur lequel le pèlerin ariégeois se pose, avec la souplesse d’un aiguilleur du ciel, met en lumière sa fascination pour l’insoutenable légèreté de l’Être au néant pupillaire.

 

L’égo en berne, l’homme du cru est planté, au cœur du bourg, telle une tente qui échoua en plein champ de luzerne ! La mine rougie par le sommeil intérieur, il regarde la valse vibrante de véhicules qui montent vers le midi montagnard, avec cette nostalgie du suceur de roue, du bouffeur de bitume, du presseur de citron sur le banc de touche…

 

Heureusement, comme un phare, il attire l’attention de ses contemporains qui le saluent d’un délicat mouvement de tête de pioche plongeant dans le mur des lamentations agricoles, de hache qui vient fendre le cul d’une bûche en forme de poutre dans l’œil d’un voisin, muet comme une carpe koï, aimant le saut à la perche au-dessus des remous d’une source d’eau chaude japonaise…

 

Raide comme une gaule démocratique, ce provincial fait donc le pied de grue sur le trottoir, le profil ventripotent porté par la poésie d’une péripatéticienne prompte à user la pointe de ses talons, au pinacle de la volupté, sur la corne d’un rhinocéros de Ionesco !

 

Que ses yeux nébuleux gardent encore longtemps le seuil entre l’ici et l’au-delà, pour le plus grand bonheur du polisseur de vers qui se râpe la couenne sur le piston du moteur à explosion de son cheval lâchant ses vapeurs au visage pierreux d’une fontaine fumante trônant au centre radieux de ce village voyant des herbes folles, en roses flamants, qui volent vers la crête de coq celtique du mont Valier…

 

Stéphane, le 13.03.2022

 

Écrire commentaire

Commentaires: 4
  • #1

    Ah! Scène s (mardi, 15 mars 2022 11:34)

    Il paraît que une crise de fou..s rire est = à un steak c' vrai pas vais vegan mais bon maintenant il y a du végète à rien! Merci Stéphane pour cette "barre"..de rire je sais pas très fa..li.que..! �

  • #2

    Stéphane L'Émerveilleur (mardi, 15 mars 2022 21:58)

    L'Anachronique imagine le rire du Sergent Hacène, à la ville rose comme à la scène, qui mitraille le gardien du temple phallique castillonnais avec le sable chaud d'un légionnaire perdu dans le désert des Tartares ! Mille Mercis, cher Ami, pour l'inspiration ! D'un cœur solaire, Stéphane

  • #3

    Delphinuk (vendredi, 18 mars 2022 17:22)

    Toujours aussi talentueux, majestueux Stéphanuk.
    Il me semble avoir vécu se semblant de scène il y a quelques mois de cela ;).
    Bravo à toi Très Cher Fréruk ; et comme le sous entendrait mon médecin : "il y a quelques choses là-dessous de Freudien"... de coquin :))
    Bisous aux pas sages ;) - Le pluriel est d'usage pour les 2 personnages...

  • #4

    Stéphane L'Émerveilleur (vendredi, 18 mars 2022 18:18)

    Mille Grâces à Delphinuk qui a découvert ce vieux villageois aux pieds de grue regardant passer les chevaleresques voitures du haut de son trône de pierre polie par son fessier lunaire ! L'amour ne naît pas que dans le pré, il prend aussi la pose, sous les yeux de L'Anachronique ! Plénitude à Toi et aux Trois Fantastiques pour votre prochaine croisade en camping-car, les freins en plus ! D'un cœur solaire, Stéphane