Bain d'éphélides

Bain d’éphélides

                                      (extrait "Alcior" - fragments étranges)                                          

Le jour, aux lèvres d’encens, se lève ; alors, unissons nos fleurs de rosée en un fleuve de fragrances trémières !

Sur la blanche paume de nos mains, les eaux roulent, afin de plonger dans le bassin solitaire où flotte un essaim de lotus rosés récoltant le miel d’un ciel prophétique auréolé d’une mystique crête sauvage, apex d’un éther poétique !

À la surface miroitent des courants argentés honorant le lux estival, la lumière nue qui se donne aux pupilles du passeur — joueur de shamisen sur la berge d’un flou artistique, halo d’une aquarelle cosmique…

Ainsi, les doigts légers semblent caresser les cordes quantiques, les fils d’une destinée multidimensionnelle, sur les bords du fleuve Amour…

Par la grâce d’un voile pudique se cache un sein cherchant un refuge, sous le vaste ombrage d’une ramée onirique, dont la mosaïque imprègne l’humus virginal d’une terre boréale.

D’ici, nous voyons encore cet autre nomade qui traverse la vallée des nuages ; son pas fait danser l’orage et chanter les rayons du soleil intérieur sur le grain d’une peau laiteuse dans son bain d’éphélides.

Stéphane, le 26.06.2021