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Mois Sons

 

Mois Sons

 

(extrait Alcior -fragments étranges)

 

 

Les mois sons, en échographie polaire, ont pris forme dans un ventre de lumière, dans le lit d’une rivière, sous les yeux d’un saule sauvage veillant à la grandeur sacrée de l’Être.

 

Et le bleu des jacinthes a migré vers les terres grasses d’un pré bucolique où les sons liège se désagrègent à genoux devant un peuplier patriarche, faisant sa sourde oreille, esprit corsé prompt à fuir les bruits cornus et crochus de la cité — celle qui voyait ses pavés marqués par les fers rouges des corps nus, ceux des esclaves transhumains…

 

Ces âmes mécanisées marchaient tels des automates au service de programmes logeant en leur sein froid, avec un goût de métal hurlant perforant l’aride de leurs lèvres bleuies par l’acidité de leur souffle court…

 

Ainsi, les sons suivaient leur voie, par petits sauts musqués de galets d’eau pâle, jusqu’à coloniser les rochers pacifiques roulés en boule contre les seins de la mer originelle.

 

Au fond de l’aquarelle de leurs yeux, le blanc silence de mouettes rieuses se moquait des œillades d’un oghamique soleil et des fragments d’ambre s’évaporaient du sommeil — à l’approche de l’horizon lointain se lovant sur le ventre nodal d’une étoile qui filait la laine du pêcheur de byssus grâce au métier à tisser les sons Je.

 

Avec l’harmonie d’un songe d’une nuit d’orfraie — à califourchon sur une dune de mousse jaunie ressemblant à un picaresque canasson minéral au terme de sa folle course solitaire entre les larmes romantiques de saintes pléiades et le feu au corps d’une naine rouge — s’annonçait la ronde des saisons, en queue d’aronde, en mille notes melliflues — caresses sur les cordes lisses d’un oud safrané par la poussière du chant d’un méhariste évoluant sur les routes racinaires de la soif de vivre !

 

Stéphane, le 06.04.21

 

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