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Plus belle la Vie... sans Masque !

 

Plus belle la Vie… sans Masque !

(extrait Puzzle série 2- pièces mobiles)

 

 

Carnet de bord d’un quidam sans masque. Une exploration à l’envers dans les profondeurs absconses et surtout fort « astralisées » de la psyché humaine. Ainsi, la journée débute par l’envoi d’une lettre parfumée grâce à la puissance céleste de la Poste du village ; mais, le citoyen, titulaire d’un certificat médical en bonne et due forme, se doit de remplir son récépissé dehors, puisqu’il y a déjà deux personnes devant le guichet complètement timbré. La coupe est pleine ; la jauge pète une durite et la goutte de sécrétion nasale fait déborder le vase d’expansion postal !

 

Lors, c’est une offre VIP qui lui est réservée. Un espace pour lui seul ; évidemment, on ne mélange pas les torchons avec les serviettes arborant une petite étoile jaune qui nous plonge, avec délectation, dans les heures glorieuses de la Collaboration nimbée des flaveurs bestiales sous l’Occupation Nationale !

 

12h30 flamboie sur le cadran solaire ! Le moment est venu de filer vers son supermarché préféré… ce lieu privilégié où le non-masqué reçoit un jovial accueil comparable à celui qu’éructe un aride gardien au pied d’un centre pénitentiaire où s’empilent des prisonniers politiques, telle une tour de Méprise qui fleurit dans la steppe sibérienne, par un jour sans pain, sans vin, mais avec un bourrin aux commandes !

 

Immédiatement, la caisse Une est réquisitionnée : le non-masqué a l’honneur d’être l’ennemi public numéro Un (sans lien avec le chiffre au front de la caisse), le Pablo Escobar des Moyennes Surfaces de Vente !

 

             Sa circulation dans ce dédale marchand semble donc rythmée par des regards craintifs ou bien inquisiteurs. Le non-masqué a-t-il la Peste bubonique, le Choléra, la Tourista, la Lambada, la Carioca, la Mozzarella, la Bachata, la Zumba, la Bruschetta ?

 

Soudain, à l’extrémité nord d’un rayon, un couple de petits vieux stoppent net sa marche prophylactique — deux marionnettes du théâtre Kabuki à l’arrêt, en chiens de faïence prêts pour l’attaque d’un paso doble sur la scène d’un thé dansant – Dolls sous l’œil du réalisateur Takeshi Kitano ; ces poupées de cire ont repéré l’humanoïde non-masqué dans l’allée aseptisée des produits biologiques.

 

 Temps d’observation. Le duo d’automates s’avance vers le linéaire, après l’envolée pédestre du monstre non déguisé, laissant l’image de Godzilla se gondoler à leur horizon vitreux…

 

Suite et fin. Le Martien sans masque attend son tour (Hosannas ! hosannas ! Ô jour de grand vent prophétique dans les voiles chirurgicales et manne de gel hydroalcoolique aux mains des veaux d’or, aux yeux rougis du bucolique bétail !) à deux mètres du tapis roulant des mécaniques, ses pieds épousant la ligne verte dessinée sur le sol migratoire, poétique marque d’une distance sanitaire dans le couloir de la mort ; en effet, le non-masqué doit aussi se taire au risque de projeter tous les clients, gouttes de salive infectée, dans les affres d’une quarantaine potentielle, le mors soudé à leurs dents acérées de requin-marteau et la fièvre acheteuse d’une vache à lait grêlant leur porte-monnaie !

 

Miracle ! Une dame fait son entrée magique avec un nez rouge au-dessus de son masque blanc ; nous nous saluons d’un savoureux signe de la tête qui en dit long sur notre vision burlesque de cette épopée carcérale ! Dans l’air — qui empeste la terreur apocalyptique et les invasions barbares de zombies rageurs et vaccinés — se libère une douce note d’Alchimie originelle et fraternelle ! Cette apparition impromptue donne du baume au cœur à l’humain perdu parmi les figurants de ce lugubre bal des vampires !

 

Tout à coup, une cliente marmonne une phrase sibylline à l’hôtesse de caisse — toujours prompte à faire passer ses considérations personnelles, en premier ; alors que toute la plèbe s’en taponne le coquillard ! — qui lance, haut et fort, telle une Jeanne sans arc sur le bûcher des vanités : « Il y en a qui sont seuls au monde ! » Une réplique qui vaut son pesant de cacahuètes sur la piste aux étoiles folles du Corona Circus ! Le non-masqué sait que les acides postillons de l’irréductible colombine n’atteignent pas la fraîche truffe à l’air du crapaud jaune poussin.

 

Dix jours en arrière, ce fut le coup de boule d’un chaland mal léché qui vint caresser la bouche bée du non-masqué irrité par les insultes de ce bonhomme givré en proie à une pulsion maniaque et destructrice !

 

Pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ; ils sont sous l’emprise psychotique des médias de masse ; leur âme nourrissant des entités de tout bord. En conséquence, de bord à bord rat, le chat man grimace et la souris danse la samba béarnaise… la boucle est bouclée, la champêtre promenade vers l’abattoir peut se poursuivre dans la joie triste et la bonne aigreur !

 

Bonjour chez Vous ! Sans contrefaçon, l’humain non-masqué ressemble à un hérisson qui pique le système là où cela fait mal, provoquant des bobos rigolos et autres éruptions cutanées, sous les muselières molletonnées.

 

 

Stéphane, le 23.03.2021

 

 

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